Après la Covid 19, le Centre Hospitalier de Cayenne fait-il face à une nouvelle épidémie? C'est ce qu'affirme en tout cas la famille d'un patient.
Mon père est suivi pour un cancer du côlon depuis 2 mois. Il fait des allers-retours, il a été transfusé. Et depuis quelques temps, on nous parle de bactérie. Je comprenais pas trop. C'est le médecin, qui, lorsque des membres de ma famille sont venus le voir pour obtenir des explications, a dit qu'il l'avait contracté une bactérie mais chez lui. On l'a découvert comme ça. Personne ne nous avait rien dit. Mon père ne va pas mourir du cancer mais de cette bactérie.
Elsa Deshayes - fille de Felton Jérémie
Persuadée au contraire que la bactérie a bien été contractée à l’hôpital, la famille est en colère.
Elsa Deshayes, affirme que plusieurs patients seraient également positifs à cette bactérie et à l'isolement. Elle dénonce le manque de communication de la part de l'hôpital et envisage des poursuites judiciaires.
Patricia Jérémie, l’épouse du malade, et se dit elle inquiète: "mon mari peut contaminer plusieurs personnes, et moi-même. Dimanche dernier je suis allée lui rendre visite et une infirmière m'a demandé de mettre une blouse, des gants, un masque. Elle m'a dit que mon mari avait une bactérie et que je ne pouvais pas du tout le toucher".
Plusieurs services du CHC concernés au cours du premier semestre
S’il refuse de communiquer sur le dossier de Felton Jérémie, le Centre hospitalier de Cayenne se défend en expliquant que depuis 2008, les hôpitaux du monde entier font face à l’émergence des BHRe, des Bactéries Hautement Résistantes aux antibiotiques et présentes naturellement dans le tube digestif.
En l'espace de sept mois, une trentaine de cas ont été diagnostiqués au sein de plusieurs services du CHC. Une unité BHRE a même été créée le 6 mai dernier. Un protocole sanitaire strict a été mis en place conformément aux directives nationales.
La situation épidémique n’aurait alors duré que 2 mois.
Au CHC, nous avons décidé de créer un service spécial et d'y mettre tous ces patients BHRE afin de maîtriser la diffusion de la bactérie. Cela nous a demandé beaucoup d'effort, notamment en termes de logistique mais grâce à cela, tous les services concernés ont pu sortir de l'épidémie. Il n'y a plus eu de nouveaux cas à partir de la mi-juin. En 3 semaines, nous avons eu 1 cas sporadique et 0 cas secondaire, par conséquent, l'épidémie est considérée comme étant contrôlée.
José Lony - infirmier hygiéniste au CHC
Très contagieuses, les BHRE sont résistantes à la majorité des antibiotiques. Leur mécanisme de résistance est transférable entre bactéries. Un phénomène qui peut conduire, à terme, à une impasse thérapeutique.
Encore émergentes en France, elles évoluent sous forme sporadique ou épidémique limitée.