Législatives 2024 : retour sur le dernier entretien avant le 2nd tour

Dernier entretien politique avant le second tour des législatives dans l'Hexagone
À trois jours du scrutin dans l'Hexagone, cinq invités, issus des principales forces politiques françaises, se sont succédé sur le plateau de l'émission "L'évènement" sur France 2. ll s'agit de Jordan Bardella (RN), Gabriel Attal (Ensemble), David Lisnard (LR), Raphaël Glucksmann (Place Publique) et Clémence Guetté (LFI). Cinq entretiens successifs.
  • JORDAN BARDELLA

C’est Jordan Bardella qui a débuté cette série d'entretiens. Il a pointé "une alliance du déshonneur entre ce nouveau parti unique entre Messieurs Mélenchon-Macron », et en dénonce les désistements « pour empêcher le mouvement que je préside, les millions d’électeurs que je représente, d’accéder au pouvoir".

Sur les candidats du RN ayant proféré des propos racistes ou antisémites, Jordan Bardella s'est justifié en expliquant qu'il avait "fallu investir, en 48 heures, près de 600 candidats". Il a vanté par ailleurs d'autres "candidats de très grande qualité, de très grande compétence". Jordan Bardella a voulu rassurer en disant sa volonté de les  mettre "à la porte" : "Ma main ne tremblera pas demain, et demain [en cas d’accession à Matignon] je défendrai les valeurs républicaines : liberté, égalité, fraternité."

Pour l’eurodéputé RN, seules deux solutions, au soir du second tour :

« Soit le Rassemblement national obtient une majorité absolue et je peux dès dimanche engager [mon] projet (…) Ou alors le pays est bloqué ».

Jordan Bardella à propos du second tour

Jordan Bardella a réitéré son souhait de « bâtir un gouvernement d’union nationale qui réunirait en son sein des personnalités, des personnalités de la droite et du centre, et évidemment des personnalités de la société civile ».

Interrogé sur un message X du ministère des affaires étrangères russe, diffusé hier, appelant à soutenir le Rassemblement national, le président du parti d’extrême droite le qualifie de "provocation et de tentative d’ingérence » et assure que la Russie est « une menace multidimensionnelle". "Ma position, elle n’a pas varié (…) : elle est celle d’un soutien à l’Ukraine et d’éviter tout risque d’escalade avec la Russie". 

  • RAPHAËL GLUCKSMANN 

Le député européen et leader de Place publique est revenu sur le positionnement de Jordan Bardella au Parlement européen. "Porter la famille Le Pen au pouvoir, c'est en réalité abaisser notre pays." L'élu a mis en garde sur le danger que constituerait, selon lui, le Rassemblement national au pouvoir. Il a accusé le RN d'être "la cinquième colonne" de la Russie et les "serviteurs" de ce qu'il considère comme une "tyrannie étrangère".

« On est rentré dans un moment politique tellement insensé, tellement dangereux, qu’il a fallu faire des choix vertigineux et difficiles. Mais, moi, je ne pourrais pas me regarder dans une glace le 7 juillet si je n’ai pas tout fait pour barrer la route à Jordan Bardela »

Raphaël Glucksmann à propos de l'alliance de gauche

Raphaël Glucksmann est également revenu sur les conditions de cette alliance, dont celle d'avoir "une position claire sur l’Ukraine, sur les livraisons d’armes, sur la lutte contre l’antisémitisme et la brutalisation du débat public, la qualification de terroristes des attaques abjectes du 7 octobre". 

Autre sujet abordé : le smic. Face à l’impossibilité de le garantir un smic à 1 600 euros à des salariés pour des TPE et PME, une mesure qui est au cœur du programme du Nouveau Front populaire, Raphaël Glucksmann promet des "mesures spécifiques", mais ne les a pas explicitées.

Sur le volet international, l'eurodéputé a attaqué le Rassemblement national, qu’il accuse d’être une "cinquième colonne, comme des serviteurs de l’intérêt d’une tyrannie étrangère qui est en guerre contre nos démocraties, celle de Vladimir Poutine" 

  • GABRIEL ATTAL 

À la question posée de savoir si la dissolution décidée par Emmanuel Macron après les élections européennes n'est-elle pas du gâchis ? "Je ne suis pas là pour regarder dans le rétroviseur, faire des commentaires", a répondu Gabriel Attal. "On est à trois jours d'une élection qui est majeure. Pour moi, le sujet aujourd'hui, c'est de convaincre les Français de l'importance d'aller voter". Le premier ministre et candidat dans les Hauts-de-Seine a néanmoins reconnu que la majorité sortante "n’a pas réussi à endiguer cette vague" de la montée de l’extrême droite.

Le premier ministre a également attaqué le Rassemblement national sur les déclarations racistes ou antisémites de candidats du parti d’extrême droite : 

« J’ai entendu que Jordan Bardella parlait de quelques brebis galeuses. Non, quand c’est un candidat sur trois pour lesquels on a des propos problématiques, ce n’est pas quelques brebis galeuses : c’est tout le troupeau qui est malade. » 

Gabriel Attal à propos de candidats RN

Selon Gabriel Attal, le Rassemblement national porte, un "programme de division, de stigmatisation qui vise à dresser les Français, les uns contre les autres", un programme dangereux selon le chef de gouvernement avant de s'attaquer aux deux "extrêmes" : "Tous les représentants des entreprises" ont alerté "sur le risque d'une majorité dominée par l'extrême droite ou l'extrême gauche" qui entraînerait "un décrochage durable de l'économie française". 

  • DAVID LISNARD

Après la dissolution de l'Assemblée nationale et la percée historique du Rassemblement national lors du premier tour des élections législatives,

"la France a besoin d'un changement radical (...) Il y a une attente de droite",

David Lisnard

Le maire LR (Les Républicains) de Cannes a fustigé l'éventualité d'une grande coalition au pouvoir : "On nous propose une gauche. C'est absurde." Et d'insister : "Il faut que le pays retrouve de l'ordre." 

Également président de l’Association des maires de France , David Lisnard estime que Les Républicains sont les tenants d’"une voie droite" et d’une "bonne articulation entre l’ordre et la liberté", au contraire du camp présidentiel, du Rassemblement national et du Nouveau Front populaire. 

Le maire de Cannes suit la tendance de son parti et appelle "chacun [à] choisir selon les circonstances locales, selon ses convictions". Quant à l’hypothèse d’un Rassemblement national majoritaire à Assemblée nationale, David Lisnard la considère comme une "énième forme de conformisme étatiste interventionniste, qui conduit le pays dans le mur".

  • CLÉMENCE GUETTÉ

Candidate NFP, elle a été réélue au premier tour. Clémence Guetté est députée du Val-de-Marne. Avant de répondre aux questions, elle a d'abord exprimé deux regrets : que cette émission politique "ne soit pas un débat", ciblant le souhait de Jordan Bardella de ne pas débattre, selon elle. Elle a aussi pointé l’absence de parité quant aux personnalités politiques invitées, quatre hommes et une femme.

Elle a ensuite abordé la question de la fiscalité : 

"Quand vous êtes dans les 0,1% les pus riches, vous avez en moyenne 2% de prélèvements. Quand vous êtes dans les 10% les plus pauvres, vous en avez 50%", en prenant en compte tous les prélèvements"

Clémence Guetté -

"Il y a aujourd'hui une défaillance dans le système fiscal de notre pays, qui est le manque de progressivité (...) Nous, la progressivité, c'est au cœur du projet", a-t-elle insisté, défendant les 14 tranches d'impôt sur le revenu et la progressivité de la CSG (contribution sociale généralisée). La réforme fiscale du Nouveau Front populaire va permettre, a-t-elle expliqué, à neuf Français sur dix de payer moins d'impôts. Au-delà de "4 000 euros de revenus net individuels", les contribuables paieront davantage d'impôts.