Selon les autorités sanitaires, la campagne de vaccination anti Covid 19 ne prend pas en Guyane, ou pas assez vite. Excédée, Clara de Bort, la directrice de l’ARS a décidé de stopper les livraisons de doses. Une décision qui passe mal chez les maires. Ces derniers voient rouge.
Selon le bilan épidémiologique du 18 mai transmis par les autorités sanitaires, 14 574 personnes se seraient déjà faites vaccinées en Guyane. Un chiffre bien en deçà des objectifs de l’Agence Régionale de Santé. Et pourtant, la campagne avait bien démarré il y a quatre mois. Sauf qu’elle serait déjà en train de s’essouffler d’après Clara de Bort : « Il y a énormément de fausses informations qui circulent sur ce vaccin, sur ces effets. Elles visent à faire peur à la population ».
Sans remettre en cause la stratégie adoptée depuis le début par ses propres services, la directrice de l’ARS pointe donc principalement les fake news et les réticences infondées, pour elle, de la population comme raisons de l’échec de la campagne de vaccination. Elle a donc pris une décision radicale.
Nous allons arrêter les livraisons de doses. Nous allons nous appuyer sur le stock que nous aurons déjà obtenu et que nous nous sommes battus pour avoir, notamment des doses du Pfizer BioNtech puisque c’est le vaccin le plus efficace au monde. Nous l’avons en très grande quantité. Aucun territoire d’Amérique du Sud n’a autant de doses par habitant que nous. Maintenant, si les Guyanais n’en veulent pas, on ne va pas les forcer. D’autres territoires réclament des doses, et des doses de Pfizer, il ne serait pas juste que nous en gardions ici en Guyane alors que d’autres les réclament.
Une nouvelle et des propos que ne comprennent pas les élus du territoire. Ces derniers n’ont d'ailleurs pas caché leur exaspération ce lundi 17 mai à l’occasion de la réunion du comité scientifique territorial auquel ils étaient invités à l'Hôtel de la CTG.
Je rappelle que Sinnamary a été la première commune à avoir mis un centre de vaccination à hauteur de ses réalités, sa ruralité. Madame la directrice de l’ARS a stoppé net notre démarche. Aujourd’hui je suis énervé de l’entendre dire que les Guyanais ne veulent pas du vaccin et limite, tant pis pour eux. Si l’état, si l’ARS, s’étaient davantage rapprochés des maires, qui sont des élus de proximité, nous aurions eu un meilleur taux de vaccination.
"Les Guyanais sont infantilisés"
Un avis que partagent largement d’autres édiles. Ils regrettent tous l’absence d’écoute et de dialogue, et surtout l’absence de prise en compte des particularités du territoire : « Madame de Bort se permet de menacer les Guyanais de leur couper l’approvisionnement, c’est inadmissible, c’est vraiment de l’infantilisation et on a l’impression de retourner dans le passé, qu’on lui a pris un bonbon, et qu’elle joue à l’enfant gâtée. Cette communication n’est pas positive », souligne Jean-Claude Labrador, maire de Roura.
Pour François Ringuet, premier magistrat de la ville de Kourou et président de l’Association des Maires de Guyane, l’état doit mettre les moyens concernant la vaccination.
On ne peut pas juste passer à la télé et dire que les Guyanais ne veulent pas être vaccinés. Pour moi, c’est du pipeau, voire même du foutage de gueule. Les Guyanais sont capables de comprendre la situation mais il faut nous donner les moyens pour accéder à la vaccination.
Le maire de Kourou qui malgré tout, ne compte pas attendre. Il a décidé d’utiliser les moyens de sa commune pour sensibiliser ses administrés. Il espère à terme que 80% des Kourouciens seront vaccinés.