"Les Martiniquais auraient dû évacuer après le séisme" selon Albéric Marcelin

Albéric Marcelin, président de l'Université Populaire et de la Prévention (UPP) au François samedi 02 septembre 2023.
Un séisme a secoué la Martinique vendredi 1er septembre en début de soirée. "Les consignes de sécurité n'ont pas été suivies" d'après le président de l'Université Populaire et de la Prévention.

Albéric Marcelin, le président de l'Université Populaire et de la Prévention (UPP), s'inquiète du comportement des Martiniquais à la suite du séisme ressenti vendredi 1er septembre.

Il existe deux catégories de tremblement de terre. Il y a des séismes de subduction, dont l'épicentre est à 80 km au large de la Caravelle, là où frottent les deux plaques. Ce sont les plus violents, les plus meurtriers. Il y a aussi des séismes intraplaques. Sur le territoire de la Martinique, il y a, à peu près 14 failles. Une est considérée comme rouge, 5 en vert et le reste en orange.

Albéric Marcelin

Comment expliquer les différences de ressenti ?

Le séisme du 1er septembre a été ressenti plus ou moins fortement en fonction des personnes mais aussi des communes.

"Il existe deux types d'ondes. Les primaires, appelées "P" qui sont les plus faibles et les ondes secondaires. Il s'agit d'ondes de cisaillement. Les ondes vont voyager. Sur leur trajet, elles vont réagir en fonction du sol qu'elles vont trouver. Si vous avez un sol extrêmement mou, les vibrations se feront ressentir. À l’inverse, si vous avez un sol dur, qu'on appelle "bedrock", ce sera différent".

Les personnes habitant sur des mornes sont aussi plus exposées que celles habitants sur un plateau. En effet, en hauteur, les ondes vont voyager dans tous les sens, de haut en bas et de droite à gauche. "Dans un territoire montagneux, sur une colline ou un morne, vous aurez en moyenne 30% de vibrations en plus que dans une habitation en plateau" assure le président de l'UPP.

À cela, il faut ajouter la sensibilité de chacun. En effet deux personnes géographiquement proches, peuvent ressentir le séisme différemment à cause de l'oreille interne.

"Tous les Japonais auraient évacué"

Il faut retenir que la Martinique a vibré, magnitude 5 à 54 km de profondeur donc c'est du sérieux. Hier (vendredi 1er septembre, NDLR) je prends un exemple pour dire que nous n'avons pas été bons. Normalement avec une telle secousse, toutes les habitations auraient dû être évacuées. Les gens sont restés à l’intérieur… J'ai le témoignage sur un bloc de bâtiment à Sainte-Luce, où toutes les femmes sont sorties et tous les hommes sont restés à l’intérieur. Je ne comprends pas ce qu'il se passe dans ce pays aussi exposé aux risques sismiques.

Albéric Marcelin

Vendredi, le séisme n'a pas été très long ce qui peut expliquer l'absence de dégâts. Par chance, il n'a duré que quelques secondes alors que la durée moyenne est de 60 secondes.

Le souvenir du 11 janvier 1839

Je rappelle qu'il y a le phénomène des tremblements de terre précurseurs. C’est-à-dire qu'un petit peut annoncer un plus gros. C'est pour cela que l'on demande aux gens d'évacuer les bâtiments et d'attendre au moins 45 minutes avant de les réintégrer. J'insiste, même si c'est en pleine nuit, sous une pluie battante, vous ressentez un séisme, il faut évacuer. Si ce séisme de magnitude 5 s'était produit au Japon, tous les Japonais seraient dehors.

Albéric Marcelin

Le centre du tremblement de terre était situé dans une zone de subduction. De mémoire de spécialistes de paléosismologie l'épicentre est le même que le séisme historique du 11 janvier 1839 qui a frappé la Martinique et qui aurait provoqué la mort de 300 à 4 000 personnes.