Les personnes atteintes de maladies rénales en Martinique redoutent les conséquences de la sécheresse

Près de 900 personnes sont sous dialyse en Martinique
Jeudi (4 avril), les coupures d’eau ont interrompu les séances de dialyse à la Clinique Saint-Paul à Fort-de-France. En Martinique, 900 personnes sont dialysées. C’est deux fois plus qu’en France. Les associations locales craignent l’impact de la sécheresse sur les centres de dialyse.

En Martinique, les 900 personnes qui souffrent d'insuffisance rénale doivent être dialysées trois fois par semaine pendant une durée de 4 heures. C’est ainsi qu’elles restent en vie.

Chaque année, il y a une centaine de nouveaux patients à dialyser.

Les causes principales des maladies rénales sont le diabète et la tension artérielle, des conditions particulièrement répandues sur le territoire.

Michèle Montrose, vice-présidente de France rein Martinique, est dialysée depuis 17 ans.

À l’âge de 26 ans, quand la maladie a été confirmée, elle attendait un don de rein, en vain.

Son groupe sanguin est rare. En plus, aux Antilles, le don des organes n’est pas répandu.

Elle a eu une lueur d’espoir en 2019 qui n’a pas abouti.

J’étais presque partie pour la Guadeloupe pour être greffée. On m’a dit que le rein n’avait pas quitté Paris. C’était dur. J’avais l’impression que mon tour n’arriverait jamais.

Michèle Montrose, vice-présidente de France rein Martinique 

Michèle Montrose, vice-présidente France rein Martinique

Depuis cette déception, elle a pu relativiser sa situation. Elle a des amis, sa famille et elle travaille.

Elle est responsable administrative et financière dans une entreprise adaptée aux personnes ayant des besoins exceptionnels. Ses horaires sont modifiables. Elle peut faire du télétravail.

Avec ses activités de vice-présidente au sein de France rein Martinique, elle n’a pas le temps de s’apitoyer sur son sort. Elle arrive à planifier ses voyages en Guadeloupe et en France.

Elle ne peut pas aller plus loin car sa vie dépend des dialyses et des soins qui lui sont prodigués 3 fois par semaine pendant 4h30.

Tout son planning tourne autour des séances de dialyse.

Le diagnostic a pris beaucoup de temps. Les médecins pensaient qu’elle avait une maladie respiratoire. Quand elle ne pouvait plus respirer et les nausées devenaient insoutenables, l’enquête médicale a confirmé qu’elle avait une maladie des reins incurable.

Elle est restée 15 jours en réanimation. Aujourd’hui elle suit un régime alimentaire adapté.

Elle craint que les coupures d’eau mettent en péril l’activité de la dizaine de centres de dialyse en Martinique.

En moyenne on a besoin d'entre 30 et 60 litres d’eau par heure de dialyse par patient. Une dialyse dure environ 4h donc il faut compter environ 120 à 240 litres par patient à chaque séance.

(Re) voir notre reportage télévisé  👇🏽

Conséquences de la sécheresse en Martinique dans une clinique. ©Martinique la 1ère

Sur sa page Facebook, France rein Martinique a demandé à Odyssi, la société de gestion d'eau et assainissement de l'île l'arrêt des coupures d'eau. 

On ne peut pas faire marche arrière sur cette maladie.

Michèle Montrose

Selon les chiffres officiels, il y a une centaine de nouveaux cas d'insuffisance rénale détectés chaque année, mais l'association pense qu’il y en a beaucoup plus.  

Les personnes greffées

En Martinique, 200 personnes ont bénéficié d’une greffe de rein, parmi elles, Johanna Jean-Ernest. Ses reins ont été abîmés par une maladie mal soignée quand elle avait 5 ans.

Elle a bénéficié de 2 greffes de reins. Aujourd’hui, elle vit bien. Elle prend des médicaments pour empêcher le rejet. Il s'agit d'un traitement à vie. Elle a un suivi constant de ses médecins.

Elle est mère de deux enfants.

Après avoir passé une grande partie de son enfance seule dans un hôpital à Paris où elle attendait une greffe de rein, aujourd’hui elle est en bonne santé. Son nouveau rein fonctionne parfaitement.

Johanna Jean-Ernest, tout comme les autres personnes greffées, n'a pas besoin de séances de dialyse.