Là où il y avait des champs de bananiers à perte de vue n’est plus qu’un terrain vague. Cette zone agricole appelée Cavani Be, se situe entre Malamani et Mirereni dans la commune de Chirongui. Anciennement propriété de l’ancien président des Comores Ahmed Abdallah, ce terrain non constructible et arable s’est vu partagé après l’indépendance des Comores en 1975. Des parcelles ont par la suite été attribuées officieusement par les autorités locales à des familles de Poroani, Malamani et Mirereni.
Je suis arrivée ici mercredi après-midi, j’ai retrouvé deux tractopelles en train de détruire tout ce qu’on avait planté, que ce soit, les bananiers, les jacquiers ou les cocotiers et on n’a pas su le pourquoi du comment. On nous a dit qu’il y a un nouveau propriétaire, mais on ne sait pas, nous, on a besoin de preuves, on a besoin d’explications, ce n’est pas normal.
Toilianti Hamada - Habitante de Miréreni
Salim Assani, un autre exploitant agricole et habitant de Poroani ajoute : « Nos parents sont ici depuis plus de 40 ans, voire même 50 ans, ce ne sont pas des squatteurs, ce sont des personnes à qui on a attribué ces parcelles-là depuis tout ce temps. Il va falloir qu’on éclaircisse cette histoire. Premièrement il faut qu’on nous dédommage par rapport à nos terres ».
Un litige qui dure depuis des années
La destruction des cultures a été initiée par ceux qui revendiquent la propriété de ces parcelles. Soifiata Soufou commerçante à Chirongui, explique avoir acheté ces terres à l’un des petits-fils de l’ancien président des Comores en 2006. Le conflit lui, ne date pas d'aujourd'hui.
J’ai mon titre de propriété depuis 2006, 2 hectares que j’ai acheté via un prêt bancaire, parce que la maire en avait acheter aussi pour la commune. On l’a acheté auprès de la famillle Abdallah, l’ancien président des Comores
Soifiata Soufou
Elle poursuit : « C’est le moment où je dois utiliser mon foncier, parce que c’est 17 ans que j’ai investi dedans » .
Interrogée, la mairie de Chirongui n’a pas souhaité s’exprimer. Pour la municipalité, il s’agit d’une affaire privée dont elle ne souhaite pas se mêler. Elle estime que c’est au tribunal de trancher.