Maltraitance animale : les associations aux abois

Une image d'un chien maltraité
La maltraitance animale est une réelle problématique en Polynésie. La surpopulation canine peut en être la cause. Les associations et les bénévoles n’ont pas de répit et interpellent les autorités. Ils souhaiteraient davantage de répression contre les auteurs de maltraitance.

La zone industrielle de la Punaruu est bien connue de Laurence Percy. Ici, souvent, elle y trouve des chiots et des chatons abandonnés derrière des bâtiments ou des poubelles. Un exemple de maltraitance animale qui s'amplifie au fenua.

"La maltraitance commence à tout moment. Un geste simple, on sort d'un magasin, on voit un petit enfant avec sa mère qui passe devant un chien, il lui met un grand coup de pied (...) Le plus choquant est quand j'ai vu, et je vois encore, des chiens avec des yeux crevés, des coups de couteau, laissés dans des états lamentables. C'est terrible", dénonce la fondatrice et représentante du Parti Animaliste.

Des campagnes de stérilisation ont été mises en place sans régler pour autant la problématique des actes de cruauté envers les animaux. Pour la fervente défenseuse de la cause animale, il est temps de passer à la répression et s'inspirer de ce qui se fait dans les territoires voisins.

"On a vu en 2019, il me semble dans les îles de la Loyauté, qu'on plaçait la personnalité juridique des animaux dans leur code. Donc, en mettant cette protection, on peut mettre en place des répressions, des mesures réglementaires sous forme d'amendes. Dès qu'on touche au porte-monnaie, les gens commencent à réfléchir à deux fois". 

Laurence Percy

Mahina fait partie des communes bons élèves dans la gestion de population de chiens errants. Depuis cinq ans, ce travail se fait en collaboration avec les associations et la police municipale. Sensibilisation sur le terrain, campagne de stérilisation, tarifs renégociés et même un projet de refuge en discussion... Une politique qui paie, les résultats sont visibles sur place.

500 000 chiens en Polynésie

"Depuis 2019 à aujourd'hui, ça a baissé. Maintenant, les gens sont plus sensibles. Dès qu'ils voient quelque chose de pas bien, ils nous interpellent", constate Annick Wong Sang Tamata, agent de police municipale à Mahina et référente en maltraitance animale. "Une fourrière, c'est une éradication, ce n'est pas notre but à nous d'éradiquer l'animal", estime Raina Teputuarai, élue en charge de la délégation de la condition animale.

Un début de solution qui reste insuffisant à l'échelle du Pays. Les associations interpellent les autorités publiques. Aujourd'hui, on estime à environ 500 000 le nombre de chiens sur le territoire.

SIGFA : journée portes ouvertes pour sensibiliser

En attendant, des actions continuent d'être menées. Ce samedi 1er juin, le syndicat intercommunal pour la gestion de la fourrière animale de Punaauia et de Paea, le SIGFA, a organisé une matinée portes ouvertes. L'idée : encourager à l'adoption des chiens recueillis, mais aussi sensibiliser à la responsabilisation des propriétaires de chiens.

"On a beaucoup de morsures, toutes les semaines, explique Matairii Maire, le directeur du SIGFA, Il y a beaucoup d'aboiements intempestifs, donc des problèmes de voisinage. Tout le monde dit que c'est la faute des chiens mais pas du tout. Notre fourrière se distingue des autres parce qu'on veut montrer qu'en s'occupant bien des chiens, ils ont des comportements normaux et du coup on peut être bien avec nos animaux domestiques à la maison".