Le maritambour : une délicieuse passiflore !

Maritambour à Rémire-Montjoly
Aux côtés des awaras et des monbins, une autre plante porte en ce moment ses fruits orange dans la région du littoral : il s’agit du maritambour, une passiflore qui enchante les palais de tous ceux qui y goûtent.
Le maritambour est une liane qui peut se déployer sur une quinzaine de mètres. Elle a des feuilles brillantes et rigides comme celles du laurier, d’où son nom scientifique Passiflora Laurifolia. Dès le mois de décembre, elle produit de belles fleurs roses et violettes d’environ huit centimètres de large, à l’odeur légère et raffinée. Le fruit est une baie à la peau orange clair, souple, d’aspect velouté comme l’abricot de France, et de la taille d’un awara. La pulpe blanche qui entoure les nombreuses graines brunes est particulièrement savoureuse et moins acide que celle du couzou. Le maritambour est répandu sur le littoral guyanais, et profite volontiers des terrains en friche, des savanes, et des forêts secondaires. Abondant à Macouria et Sinnamary, on le trouve encore dans les recoins de Rémire-Montjoly. La liane se reproduit par semis des graines ou par bouturage, et porte au bout de deux ou trois ans. Aux Antilles, où l’espèce existe et est appréciée, elle porte le nom de pomme liane. Dans la Caraïbe anglophone, elle est connue sous les appellations de water lemon, orange lilikoï, ou jamaïcan honeysuckle. Le maritambour a même voyagé jusque dans les îles du pacifiques, où il est quasiment naturalisé.



Maritambour, ou marie tambour ?

L’appellation du maritambour est sujette à variation : tantôt écrit maritambour, tantôt marie tambour. Ce mot viendrait en fait des langues caraïbes, et aurait été francisé par les colons de Guyane. Dès le XIXème siècle, le maritambour figurait en bonne place dans plusieurs livres qui traitaient des fruits de Guyane. Un certain monsieur F.F. Le Blond, propriétaire en Guyane a écrit en 1855 un ouvrage intitulé Etudes spéciales sur les fruits de Guyane. A la page 48, il donne un témoignage tout à fait pittoresque sur le « maritambou », qui est décrit comme un fruit qui met en joie toute la population, dont les créoles sont très friands, et que les noirs viennent vendre au marché. Une description qui rappelle tout à fait l’engouement actuel autour du ramboutan. Régine Horth mentionne également la marie tambour dans son livre La Guyane gastronomique et traditionnelle.
 
En plus de sa saveur, le maritambour vous apportera de nombreuses vitamines et oligoéléments : il constitue un apport intéressant en vitamine C, magnésium, et vitamines B2 et B3, et se distingue par un apport très élevé en potassium et en phosphore. Comme tous les passiflores, ses feuilles ont des propriétés relaxantes et sédatives. Enfin, les Palikurs utilisent les feuilles de maritambour pour la fabrication d’un remède contre les vers intestinaux.  
Gare aux héliconius...et aux serpents liane !
La culture de maritambour serait des plus aisées sans les héliconius. Ces jolis papillons multicolores pondent leurs oeufs exclusivement sur les passiflores. Si vous voyez plusieurs héliconius orange voleter autour de votre liane, méfiance : leurs chenilles se repaissent des feuilles de maritambour, et peuvent même dévorer la plante en entier. La relation complexe entre les héliconius et les passiflores intéresse beaucoup les scientifiques.
Le maritambour est également réputé pour attirer les serpents liane, qui se camouflent très bien dans cette liane touffue. Un cueilleur trop insouciant risquerait ainsi de se faire mordre les doigts par ces petits serpents venimeux...