1 an après les Intempéries à Sainte-Marie, les sinistrés notent des avancées insuffisantes

Sainte-Marie : La RN1 coupée suite aux fortes pluies
Un an après, les choses avancent doucement pour les sinistrés des intempéries de novembre 2020 dans le Nord Atlantique. La présidente de l'association des sinistrés samaritains dresse un bilan semé d'attentes.

C'était dans la nuit du 10 au 11 novembre 2020 à Sainte-Marie, l'une des communes les plus touchées par les intempéries. Personne n'a oublié. Si certains riverains acceptent de revenir sur cette épisode, d'autres préfèrent ne plus en parler, ni même retourner dans leur maison. 

Créée début décembre 2020, l'association des sinistrés samaritains accompagne une trentaine de familles, principalement des habitants des quartiers Fond-Saint-Jacques, Mornes des Esses, Fond Clémence ou Pain de Sucre.

Agnès Lery, la présidente, nous avoue que certaines personnes sont suivies par un psychologue par leur propre moyen, "par pudeur". 

Certains ont vécu ces évènements et ont peur. Ça a été un épisode traumatisant. Je pense que certaines personnes auront dû mal à s'en remettre. 

 

Un an plus tard... 


Presque une année plus tard, il y a eu quelques avancées sur le volet matériel. Deux arrêtés de catastrophe naturelle ont été pris les 23 novembre et 14 décembre 2020, un comité de suivi a été mis en place en janvier 2021 et s'est réuni à 8 reprises, de nombreux relogements ont pu être finalisés. 

Les personnes ont été pour la plupart, relogées. Pour l'association nous sommes à 3 ou 4 exceptions, sinon tous les autres ont été relogés.
 

En ce qui concerne l'indemnisation, les personnes concernées ont eu des propositions de leurs assureurs. Certaines familles ont été complètement indemnisées. D'autres sont en attente d'indemnisation parce qu’une grande partie des sinistrés attend les résultats d'une étude géotechnique. Mais ces études prennent beaucoup de temps à voir le jour.

 

Certaines ont démarré, mais on nous annonce des résultats qui ne pourront pas être donnés tout de suite. Ils devraient intervenir d'ici à plusieurs semaines, mois voire des années, selon le dernier comité de suivi.

 

Ce qui génère crispation, frustration, une forte attente et de la souffrance chez certains sinistrés. 

 

Les campagnes géotechniques sont très importantes parce qu'elles permettent d'identifier d'éventuels mouvements de terrain afin d'évaluer et d'ajuster les travaux nécessaires pour la mise en sécurité et la stabilisation du sol. Les campagnes se succèdent selon la procédure légale de marché public, mais ce rythme semble long pour les sinistrés. 

Tout est question de temps et de là où l'on se situe.

 

Les services de l'État nous disent et nous répètent qu'ils ont fait le plus vite possible. Mais lorsque vous êtes sinistrés, que vous avez tout perdu du jour au lendemain et que vous vous retrouvez relogés chez un tiers...(...) Heureusement certains ont pu aller chez de la famille.

 

Imaginez des personnes âgées habituées à leur autonomie, qui se retrouvent chez leur fils ou leur fille, et perdent cette autonomie. Je peux vous dire que vous comptez les jours. Et voir les mois s'écouler comme cela, ça fait long. 


Côté assurance, les choses semblent avancer un peu mieux grâce à l'arrêté de catastrophe naturelle. Cependant comme le précise la préfecture, sur les 440 sinistrés déclarés dans les 6 communes touchées, seuls 230 sinistrés étaient effectivement assurés.

Au niveau du comité de suivi, c'est vrai que nous avons un représentant de tous les assureurs qui a fait l'interface là où il y avait des points bloquants. Cela a donc facilité le traitement des dossiers. Je pense que toutes les personnes ont eu au moins une proposition d'indemnisation.

 

Les personnes dont le bâti est complètement à détruire ont été indemnisées partiellement ou totalement. Désomais ces personnes attendent l'acquisition amiable de leur terrain par l'État. 

 

À côté de cela, vous avez d'autres personnes qui ont eu des indemnisations pour effectuer des travaux afin de conforter ces bâtis et les préserver des prochaines intempéries. Mais ces travaux sont réalisés dans l'attente également de décisions de l'État par rapport aux études géotechniques qui doivent se faire. 

 

"Les procédures d’acquisition amiable ou expropriation durent à minima 2 ou 3 ans"

Nous restons vigilants au sein de l'association pour que les comités de suivi continuent de se réunir. Si on se positionne du point de vue des services de l'État, on pourrait penser que c'est une affaire réglée, or c'est loin d'être le cas. Il y a encore de nombreuses attentes donc nous restons mobilisés.


Agnès Lery souhaite une plus forte implication des élus. 

On a besoin d'un portage et d'un encadrement politique parce que cela se fait ailleurs. Quand je regarde les informations, qu'il y a des intempéries qui se font en France et ailleurs en Europe, j'ai le sentiment et je pense que l'on voit qu'il y a une mobilisation des élus. Ce qui fait que les choses vont beaucoup plus vite en termes d'indemnisation, de relogement et de prise en compte de problématiques qui sont importantes comme la gestion des eaux pluviales, des sinistres et catastrophes naturelles. 

 

Nos parlementaires doivent réagir, mais au niveau local aussi. La gestion des eaux pluviales ce sont les EPCI et la gestion des voiries, c'est la Collectivité Territoriale de Martinique. Ce sont des élus locaux. Donc là aussi, il faut que tout un chacun au niveau politique se sente concerné par ce qui arrive. 


►Selon la préfecture, suite aux intempéries de novembre 2020, près de 440 sinistrés ont été dénombrés dans 6 communes : Sainte- Marie, Trinité, Robert, Marigot, Gros Morne, Lorrain et Basse Pointe.  
Le fonds de secours pour l’Outre-mer (FSOM) prendra en charge près de 5,99 millions d'euros d’aide aux collectivités concernées (CTM, Cap Nord, communes) pour la réparation des dégâts (voiries, glissement de terrain...).