Ils ont pour la plupart leur billet d'avion en poche acheté auprès d'Air Canada mais sans autorisation de décoller ni d'atterrir en Guadeloupe et en Martinique, la compagnie ne peut leur garantir leur vol en temps et en heure.
Ils dénoncent la situation critique dans laquelle ils se trouvent et le sentiment d'abandon qu'ils ressentent aujourd'hui de la part du gouvernement français.
Voyez les témoignages des étudiantes Anne-Emmanuelle (Martinique) et de Sandy (Guadeloupe).
La CTM monte au créneau
Entre l'intervention des parlementaires des deux îles et la collectivité territoriale de Martinique, le dossier ne semble pas intéresser les instances gouvernementales françaises.
Première à être montée au créneau, Aurélie Nella, conseillère exécutive en charge de l'éducation supérieure à la CTM.
Aurélie Nella n'abandonne cependant pas la partie."Nous avons recensé tous les étudiants concernés, de 30 au départ, ils sont passés à 112 ! nous avons eu une séance de travail avec le préfet le 13 mai dernier, un collectif de parents s'est créé, les parlementaires sont montés au créneau en Guadeloupe et en Martinique et depuis plus rien ? Comment expliquez-vous cela ?".
"Nous ne pouvons pas laisser ces étudiants dans l'incertitude, sans visibilité sur leur retour. La plupart a acheté un billet d'avion Montréal-Pointe-Pitre ou Montréal-Fort-de-France et personne ne peut leur dire ce qu'il en est ? Certains ont quitté leur logement en pensant pouvoir rentrer après le 28 Mars. Ils sont hébergés par des tiers mais cela ne peut évidemment pas durer".
L' Etat a mis un dispositif en place pour les étudiants ultras-marins dans l'hexagone. Le député Nilor a alors suggéré de mettre ce même dispositif pour les étudiants hors hexagone mais il n'a pas été entendu.
Les parents dénoncent une forme de discrimination
Après s'être vu proposé des reports incessants de billets, la seule solution proposée est de transiter par Paris. Ce qui implique une perte du billet d'avion Montréal-Pointe-à-Pitre ou Fort-de-France et deux quatorzaines.
Par ailleurs, les risques sanitaires supplémentaires existent avec davantage d'heures de vol, alors que Montréal - Fort-de-France se fait en 5 heures.
Inquiets et angoissés, leurs parents se sont regroupés au sein d’un collectif : le Collectif des parents des étudiants antillais. IIs ont essuyé tous les recours possibles, une lettre ouverte aux différentes autorités : les préfets de la Martinique et de la Guadeloupe, la Ministre des Outre-Mer et le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.
"Nos enfants ont dû partir de leur logement car les propriétaires ne pouvaient pas assurer l'aménagement de leurs studios dans les règles de sécurité sanitaire. Certains sont donc hébergés par des tiers depuis plus d'un mois mais cela ne peut pas durer. On leur inflige une double punition en leur disant de prendre un autre billet d'avion pour passer par Paris.
Un sentiment d'injustice ressenti par ces parents lorsqu'ils ont appris qu'un vol direct a été organisé par le
ministère des Outre-Mer le 30 mai 2020 depuis Paris pour les étudiants ultras-marins.
Nous nous sentons méprisés par l'Etat français et nous attendons de la ministre des Outre-mer la démonstration qu'elle n'est pas uniquement ministre de Saint-Pierre et Miquelon".
Un courrier resté sans réponse
Le collectif des parents a adressé un courrier à la ministre des Outre-mer Annick Girardin en date du 12 mai 2020. Courrier resté sans réponse à ce jour (Jeudi 28 mai 2020).
Courrier du collectif des parents des étudiants antillais à Annick Girardin
"Nous parents, sommes très inquiets et souhaitons le retour de nos enfants au plus tôt, n’ayant aucune certitude quant à la suite des évènements liés à la crise sanitaire actuelle. Certains d’entre eux sont confrontés à de sérieuses situations de précarité : à court d’argent, sans emplois, sans soutien psychologique, obligés de rendre leurs logements, isolés et surtout loin de leurs familles. Une étudiante a également deux jeunes enfants à charge. Sans moyens pour pouvoir rentrer chez eux, nos enfants sont désespérés et anxieux.
15 jours après ce courrier, aucune réponse n'a été adressée au collectif, ce qui fait dire aux parents de ces 112 étudiants qu'il y a deux poids deux mesures dans le traitement du sort des étudiants français.
"Nous nous sentons méprisés et nous nous demandons si les étudiants martiniquais et guadeloupéens sont des français comme les autres".