Iyasha et Jahnaï habitent une maison, avec jardin, au quartier Balata à Fort-de-France. Loin des copines et des copains, ils travaillent le matin, comme à l’école, et profitent du jardin, l’après-midi, selon une organisation bien définie, que détaille leur maman."Je vais bien mais l’école me manque. Je veux revoir mes copines et jouer au loup dans la cour. Je veux aussi travailler dans la classe. J’aime beaucoup le français. J’aime les verbes à l’infinitif, comme "jouer" et "nager". Mais je sais qu’on doit rester à la maison à cause du coronavirus."
"Ils se lèvent entre 7h et 7h30. Je les fais travailler à 8h en général, mais aujourd’hui par exemple on a commencé à 8h45. Ça se passe autour d’une table sur la terrasse. Je me connecte au site Colibri qui donne accès au cahier de texte et aux exercices mis en ligne par les enseignants. L’après-midi, Iyasha et Jahnaï s’amusent. Ils font du vélo, de la balançoire et du jardinage".
En période de confinement, c’est l’organisation qui fait la différence. C’est ce qu’a compris également Shanan Vitalien-Louis, dont deux des trois enfants sont scolarisés aussi à Haut-Didier à Fort-de-France : Shéliane, 11 ans, est en CM2, et Terry, 8 ans, en CE2. La famille habite dans un appartement au quartier Morne Coco. Shanan raconte :
"C’est la première fois qu’on se retrouve tous ensemble à la maison. Au début, ça n’a pas été facile pour mon mari et pour moi de trouver le bon rythme, entre les devoirs de Shéliane et Terry, notre bébé de 7 mois, et les tâches ménagères. Mais après une semaine, ça va mieux. On a trouvé le bon réglage".
Pour Shéliane et Terry, le réveil est fixé à 7h30. Une demi-heure plus tard, ils sont déjà au travail autour d’une table. La classe est assurée, selon les jours, par maman ou papa : ils s’appuient sur le site Colibri et suivent les consignes des enseignants. Mais parfois ils se "débrouillent".
Shanan précise :
"Pour l’aînée, ça va plus vite, car elle est plus autonome que son frère. Pour le cadet, ça dépend, en fait, des leçons, parce qu’il a besoin d’accompagnement. Le travail scolaire ne doit pas durer plus de 3h maximum par jour. Et comme à l’école, ils nous réclament naturellement la pause goûter à 9h45".
Les après-midi de Shéliane et Terry sont dédiés au sport, le mardi et le vendredi, avec des étirements et des exercices physiques sur le balcon. Les autres jours, ils s’occupent avec des jeux de sociétés ou de la lecture : la Bibliothèque Rose n’a plus de secret pour la jeune fille.
Au début, Shéliane et Terry n’ont pas compris pourquoi il fallait rester confinés et ne plus voir leurs camarades du quartier avec lesquels ils font du vélo le week-end. Mais les journaux télévisés, qu’ils regardent le soir avec leurs parents, les ont aidé à mieux comprendre les enjeux de la pandémie.
Leur maman résume en quelques mots l’état d’esprit du duo :
Parmi les élèves de l’école primaire Haut-Didier, on trouve aussi deux autres confinés au… Morne-Rouge. Moïse, 6 ans, est en CP, et Noéline, 8 ans, au CE1. Leurs parents travaillent habituellement à Fort-de-France, mais, eux aussi, comme tant d’autres, font du télé travail ces jours-ci. Ils ont mis en place, pour leurs enfants, une organisation du même type que les autres : les cours commencent à 8h30 tapantes et font une large place à la "lecture, l’écriture et les mathématiques". La mère, Hélène Behlmeijer, se félicite du système mis en place pour ses enfants :"Ils ne sont pas plus inquiets que ça, mais quand ils entendent certaines choses à la télévision, comme surtout le nombre de morts en Italie, ils nous demandent si ça peut arriver en Martinique".
"Ce que les enseignants ont mis en ligne est clair. En plus, on a la possibilité d’interagir avec eux via le site Colibri. On peut aussi les joindre au téléphone ou leur poser des questions sur notre groupe WhatsApp et faire ainsi le point sur le niveau d’apprentissage de nos enfants. Au besoin, ils nous prodiguent des conseils. Ça se passe très bien".
Comme Shanan Vitalien-Louis et Coralie Williams, Hélène Behlmeijer possède tout ce qu’il faut (connexion Internet, ordinateur, imprimante) pour faire l’école à ses enfants dans de bonnes conditions à domicile. Mais elle songe aux parents qui n’ont pas l’équipement nécessaire, tout en relativisant cette fracture numérique.
"Même si des parents ne disposent pas d’un ordi à la maison, ils peuvent trouver dans le cartable de leurs enfants les cahiers d’activité et le cahier de leçons. Les enseignants ont mis un maximum de choses dedans avant le confinement".
Au onzième jour de confinement, Hélène Behlmeijer est consciente que le temps sera long. Mais, quelle que soit la durée, l’important pour elle aujourd’hui, comme pour les autres familles, c’est de savoir que les enfants sont à l’abri, en accord avec la formule : "Rété a kay zot".