Le prix Nobel de littérature 1993 était ce weekend l’invitée d’honneur du Festival America de Vincennes, consacré aux littératures et cultures d’Amérique du Nord.
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Toni Morrison peut se targuer d’avoir en France un large groupe de fans inconditionnels, sinon de groupies. Pour s’en convaincre, il fallait assister au Festival America de Vincennes (du 20 au 23 septembre) où la romancière a participé à trois rencontres en son honneur. Salles combles, des dizaines de personnes refoulées à l’entrée pour manque de place, standing ovations, et files d’attente interminables pour obtenir le sésame – la dédicace du prix Nobel.
Lors des tables rondes, il a été bien évidemment question du dernier ouvrage de l’écrivaine afro-américaine, Home, publié en France au mois d’août (éditions Christian Bourgois), qui relate le périple mouvementé d’une sœur et d’un frère (noirs) dans l’Amérique des années cinquante.
« Je souhaitais appréhender la vérité de cette période », précise Toni Morrison. « J’avais une vingtaine d’années dans les années cinquante, mais ce n’est que plus tard que j’ai réalisé les choses terribles qui se passaient : la guerre de Corée, que l’on n’appelait pas comme cela d’ailleurs, la violence envers les Noirs, le maccarthysme, les expérimentations médicales pratiquées sur les pauvres et les Noirs… J’ai commencé à rechercher ce qui était méconnu ou caché à propos de la culture afro-américaine. Mon point de vue est celui de ceux qui ont été dominés. Dans ce roman, mon objectif n’est pas d’instruire le lecteur. Mon objectif est de le séduire afin de l’accueillir dans le texte, et de lui faire comprendre ».
A cette fin, l’auteur entend effectuer un travail sur le langage. « Je veux que ma langue soit précise, que les mots comptent, et qu’il y ait de la densité. Le reste, le lecteur l’apporte avec son imagination. Lui et moi devons être dans une forme de partenariat », affirme celle qui dit avoir beaucoup appris de William Faulkner, Gabriel Garcia Marquez et James Baldwin.
Toni Morrison souligne qu’elle a réalisé un gros travail de documentation avant de se lancer dans l’écriture de Home, épluchant entre autres le Green Book, un guide de voyage spécialisé à l’intention des Noirs aux Etats-Unis, étant donné qu’ils ne pouvaient pas se déplacer et se loger comme ils le souhaitaient à une époque où la ségrégation était légale dans certains Etats, sans compter les menaces de lynchages et autres violences physiques.
« Je suis un écrivain politique, mais pas dans le sens négatif qu’on lui attribue généralement », tient à dire le prix Nobel. « Pour moi, tous les grands artistes et écrivains sont politiques. Le problème est qu’aux Etats-Unis on a déclaré que l’art ne devrait pas être politique, du moment où l’ex-Union soviétique avait décidé que l’art devrait l’être. On a pris le contrepied systématique. Cependant je suis une activiste. Et il n’y a pas de honte à être un artiste politique ».
Lors des tables rondes, il a été bien évidemment question du dernier ouvrage de l’écrivaine afro-américaine, Home, publié en France au mois d’août (éditions Christian Bourgois), qui relate le périple mouvementé d’une sœur et d’un frère (noirs) dans l’Amérique des années cinquante.
« Je souhaitais appréhender la vérité de cette période », précise Toni Morrison. « J’avais une vingtaine d’années dans les années cinquante, mais ce n’est que plus tard que j’ai réalisé les choses terribles qui se passaient : la guerre de Corée, que l’on n’appelait pas comme cela d’ailleurs, la violence envers les Noirs, le maccarthysme, les expérimentations médicales pratiquées sur les pauvres et les Noirs… J’ai commencé à rechercher ce qui était méconnu ou caché à propos de la culture afro-américaine. Mon point de vue est celui de ceux qui ont été dominés. Dans ce roman, mon objectif n’est pas d’instruire le lecteur. Mon objectif est de le séduire afin de l’accueillir dans le texte, et de lui faire comprendre ».
A cette fin, l’auteur entend effectuer un travail sur le langage. « Je veux que ma langue soit précise, que les mots comptent, et qu’il y ait de la densité. Le reste, le lecteur l’apporte avec son imagination. Lui et moi devons être dans une forme de partenariat », affirme celle qui dit avoir beaucoup appris de William Faulkner, Gabriel Garcia Marquez et James Baldwin.
Toni Morrison souligne qu’elle a réalisé un gros travail de documentation avant de se lancer dans l’écriture de Home, épluchant entre autres le Green Book, un guide de voyage spécialisé à l’intention des Noirs aux Etats-Unis, étant donné qu’ils ne pouvaient pas se déplacer et se loger comme ils le souhaitaient à une époque où la ségrégation était légale dans certains Etats, sans compter les menaces de lynchages et autres violences physiques.
« Je suis un écrivain politique, mais pas dans le sens négatif qu’on lui attribue généralement », tient à dire le prix Nobel. « Pour moi, tous les grands artistes et écrivains sont politiques. Le problème est qu’aux Etats-Unis on a déclaré que l’art ne devrait pas être politique, du moment où l’ex-Union soviétique avait décidé que l’art devrait l’être. On a pris le contrepied systématique. Cependant je suis une activiste. Et il n’y a pas de honte à être un artiste politique ».