A chaque jour gras c’est la même chose : c’est à qui trouvera la meilleure place pour se garer près du circuit du carnaval à Fort-de-France. Et certains riverains en profitent, rendant payantes des places de stationnement sur la voie publique, au mépris du droit.
Laurie-Anne Virassamy •
13 heures aux Terres Sainville à Fort-de-France : les places de stationnement commencent déjà à se faire rares alors que le vidé ne démarre que dans deux heures. Les conducteurs rivalisent d’imagination pour se garer, quitte à enfreindre les règles du code de la route. On voit des voitures partout : sur le trottoir, sur un passage piéton, sur des places réservées aux porteurs de handicap. Cette affluence fait les beaux jours de certains riverains, qui font payer le stationnement sur la voie publique. Une pratique qui n'est pas nouvelle.
Tarif négociable
Palettes de bois, blocs de béton ou plots de stationnement, tout est bon pour empêcher le quidam de se garer à sa guise, et surtout sans payer ! Il vous en coûtera de 2 à 5€, négociables selon Jean-Marc : « Il suffit de me donner un pourboire, ou même un soda », explique celui qui dit gérer 3 ou 4 places. Quand certains conducteurs parlent de racket pour qualifier son business, Jean-Marc se justifie en disant que c’est simplement une façon de gagner quelques sous. « Et puis, les gens ne sont pas obligés de se garer là ! », ajoute-t-il. Mais plus l’heure avance, plus le désespoir des conducteurs venus assister au carnaval les pousse à utiliser ce système.
Parking improvisé
Face à cette initiative individuelle, il y a des entreprises de plus grande envergure. C’est le cas du stade de la Cour fruit à Pain des Terres Sainville, transformé en parking surveillé pour les jours gras. Il a connu son pic d’activité mardi avec 200 voitures garées. Là, tout est organisé dans les moindres détails. Le tarif et les horaires sont affichés : entre 14 et 22 heures, le stationnement vaut 4€. Une petite équipe de quatre gère les allées et venues : un jeune homme à l'entrée, un à la caisse, deux autres pour indiquer aux automobilistes où se positionner. Qui gère le parking ? La rue nous dit-on. En fait, c’est un homme qui a pris les choses en main. Il n’a pas d’autorisation mais la mairie de Fort-de-France laisse faire. Mardi, un policier municipal était même posté tout l’après-midi devant l’entrée du parking improvisé.
Éviter le stationnement sur la rocade
Bien que son affaire ne soit pas légale, le gérant d’un jour se sent légitime. Il se défend en présentant son affaire comme une mission de service public : « Nous enlevons toutes ces voitures de la route, explique-t-il. Au lieu d’être garées n’importe comment sur la rocade, au moins elles sont là ». Il insiste aussi sur l’aspect social de son action, et l'embauche de jeunes qui ne seront pas dehors, pendant ce temps, à faire n'importe quoi. Ce flou autour de la légalité de ce parking arrange finalement les gérants officieux et les conducteurs. Pour ces carnavaliers, « si c’est ouvert, c’est autorisé ».