Le gouvernement a décidé de
baisser les tarifs auxquels hôpitaux et cliniques pourront facturer les soins à l'Assurance maladie en 2015. Pour le secteur privé, cela représente 2,5% de moins... alors qu'un tiers des établissements est déficitaire.
Licenciements, ralentissement des investissement, perte de compétitivité par rapport au public : les cliniques
craignent pour leur avenir. Le docteur Nabil Mansour est le représentant de la
FHP, la Fédération de l’hospitalisation privée, en Martinique : "
Je pense qu'il y a un état d'esprit semblable à celui qui se cache derrière cette fameuse loi de santé, qui est contestée par tous. Cet état d'esprit, c'est celui de casser l'hospitalisation privée." Un tiers des établissements privés sont déjà dans le rouge selon Nabil Mansour : "
Parmi ceux qui sont bénéficiaires, la marge se situe selon les années entre 1 et 3% du chiffre d'affaires. Alors quand vous imposez une diminution tarifaire de -2,5%, vous imaginez l'hécatombe qu'il risque d'y avoir dans le secteur privé en France !"
Des répercussions sur l'emploi
Selon le FHP, 10 000 emplois seraient menacés. Mais Nabil Mansour, qui est également le PDG de la
clinique Saint-Paul (Fort-de-France) fera tout pour éviter des départs. "
On est sur des cordes très tendues, et ces cordes risquent de se rompre. Vu les responsabilités que j'ai pour maintenir l'équilibre financier de l'établissement, il y aura peut-être des décisions douloureuses à prendre. Mais on trouvera d'autres solutions que les licenciements." Du côté de la
clinique Sainte-Marie (Schoelcher), "
C'est en terme de recette et d'investissements que cela peut limiter la marge de manoeuvre", prévoit Simon Claudin, le directeur. "
Le coût de la vie grimpe, nos fournisseurs augmentent leurs tarifs, et on se voit attribuer cette baisse. Donc forcément les choix sont plus importants, et les négociations auprès des fournisseurs deviennent une obligation. C'était déjà le cas mais ça se renforce encore."
Comment rester compétitif ?
Les cliniques privées ont des tarifs inférieurs de 22% par rapport aux hôpitaux publics. Depuis 5 ans, ils se maintenaient entre légères hausses et petites baisses. Mais l'annonce de cette diminution compense en réalité les aides récemment accordées aux entreprises privées. Pour qu’elles ne soient pas avantagées par rapport aux hôpitaux, les cliniques doivent rendre cet argent. Adieu crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (
Cice), adieu allégements de charges du
pacte de responsabilité. Pour le directeur de la clinique Saint-Paul, Nabil Mansour, cela va considérablement freiner les investissements, d'autant que "
notre seule force pour emprunter, c'est la qualité de nos projets et la confiance qu'on peut inspirer. Forcément avec cette diminution tarifaire, nos partenaires financiers peuvent se poser des questions sur notre capacité à rembourser." Dans l’Hexagone la FHP a appelé les cliniques à défiler dimanche, aux côtés des médecins, contre le projet de loi de Marisol Touraine. Mais aucun mouvement n’est prévu en Martinique pour l’instant.