"Si vous fixez les commerces dans les bourgs, les gens resteront !" Frantz Thodiard

Entretien avec Frantz Thodiard, vice-président de la CACEM, élu référent en charge du SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale) qui détermine les orientations, en matière de développement durable, économique et social, pour les 15 années à venir dans les villes du centre.
Entretien avec Frantz Thodiard, vice-président de la CACEM, élu référent en charge du SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale) qui détermine les orientations, en matière de développement durable, économique et social, pour les 15 années à venir dans la communauté d’agglomérations du centre.

Vous et les autres élus communautaires êtes en train d'apporter la touche finale à ce document qui doit normalement être prêt avant les grandes vacances. Êtes- vous toujours dans les temps ?
F.T: Nous sommes toujours dans les temps. Le projet du SCOT doit être arrêté par les élus communautaires au mois de juin. Doivent suivre la consultation des "personnes publiques associées", c'est-à-dire les administrations et les grandes institutions locales (EDF, Orange...) et une enquête publique d'une durée de trois mois. En conséquence, tout devrait être bouclé d'ici à la fin de l'année 2015.
 
Pour ce qui est du contenu, les orientations et les moyens ont tous été définis ?
F.T: Absolument. Il faut savoir que l'aménagement du territoire et l'organisation de nos espaces de vie relèvent d'une vraie science qu'est l'urbanisme. Et nous disposons d'outils ! L'Etat et les collectivités locales ont leurs responsabilités. L'Etat élabore un plan de prévention des catastrophes naturelles - document obligatoire - qui identifie les zones constructibles, non-constructibles, et celles qui le sont, mais sous certaines conditions.
 
On peut y ajouter, au niveau régional, le Schéma d'Aménagement Régional, qui donne les grandes orientations pour le territoire. Nous en tenons compte également pour élaborer le SCOT. Ces dispositions, quand elles sont appliquées, permettent aux communes d'élaborer leurs plans d'urbanisme. En somme, il s'agit d'un véritable projet politique, qui doit redessiner le territoire sur une période de quinze ans.
 
Toujours sur le fond, j'ai lu que l'une de vos priorités était de relocaliser l'activité dans les bourgs. Cela ressemble à une politique anti-centres commerciaux ?
F.T: Pas du tout ! Notre volonté est d'alléger les déplacements en voiture, et par voie de conséquence, faire baisser les gaz à effet de serre, en fixant la population dans les quartiers. Nous cherchons à structurer les quartiers en installant davantage de commerces, services et équipements publics, afin de permettre à notre population, vieillissante, de trouver les prestations dont elle a besoin près de chez elle. C'est une stratégie de redynamisation des quartiers, pas une politique anti-centres commerciaux. L'idée est de faire en sorte que les bourgs et les quartiers vivent. Se sont créés, ces dernières années, plusieurs quartiers ou cités-dortoir. C'est ce que nous voulons éviter. Si vous fixez les commerces dans les bourgs, les gens resteront !
 
Les commerçants sont prêts à jouer le jeu ?
F.T: Absolument. Par exemple, des petits commerçants commencent à s'installer dans certains quartiers de Fort-de-France. A Terreville (Schoelcher), et à Choco-Choisy (Saint-Joseph), cette déconcentration des services est également visible.
 
Plus globalement, ce sont les quatre communes de la CACEM qui profiteront de ce SCOT, y compris Saint-Joseph, qui a toujours été le parent pauvre de la CACEM ?
F.T: Oui. Nos préoccupations ne sont pas uniquement commerciales !  Parmi nos priorités, figure aussi la valorisation de nos espaces naturels. Et de ce point de vue, Saint-Joseph a un potentiel intéressant ! La ville possède un patrimoine agricole et environnemental extrêmement important. C'est le poumon vert de la CACEM ! Parallèlement, nous travaillons sur la création de zones économiques, comme celle existant à Choco-Choisy.