Yoles : À la recherche du bois côte

Lors de la dernière course de championnat, Mutuelle Mare Gaillard a été disqualifiée. Elle utilisait un mat en carbone, non homologué par la Fédération des yoles.
Parmi toutes les polémiques de cette édition 2015, il y a celle autour des mâts en carbone, non homologués par la Fédération des yoles. L’évolution technologique était nécessaire car il n’y aurait plus de bois côte en Martinique, matière première à la fabrication de ces mâts.
Ils sont plus solides, plus légers. Ils coûtent plus chers que leurs homologues en bois, mais ils sont plus rentables car on peut y mettre n’importe quelle surface de voile. Ces fameux mâts composés de carbone ont alimenté ces jours d’avant Tour 2015. Dans un courrier adressé à la Fédération des yoles rondes, Alizé composites, la société qui les fabrique, affirme que ces mâts sont faits de "bois, recouverts de couches de carbone". "Ce mât est cinq fois moins lourd. Donc l’équipage qui l’utilise est avantagé", estime Georges-Henri Lagier, le patron de SMEM Ti-boug énergie. "Par exemple, il passe les vagues très facilement".


Une ressource épuisée

Au départ, les mâts étaient faits en bois côte, matériau très solide, que l’on trouve en Martinique. Les yoleurs le prélevaient dans la forêt Dumauzé, sur les hauteurs de Fort-de-France, avec l’autorisation de l’Office National des Forêts. L’accès y était pratique mais la coupe se faisait "n’importe comment", raconte Florent Ericher, le responsable de l’Atelier Bois de l’ONF. "Pour en récupérer, ils coupaient dix arbres pour en avoir un bon". Le cyclone Dean est aussi passé par là. "Il y a eu beaucoup de casse", explique l’ONF qui affirme également qu'à l’heure actuelle, "il n’y a rien de prospectable" dans le domaine public en tout cas. En 2012, l’Office a replanté des arbres mais il faudra attendre plusieurs années pour qu’ils soient utilisables.

C’est une tricherie". 
Eric Aglaé, le directeur du Tour 







Entre temps, les yoleurs ont dû aller dans les îles voisines pour trouver ce fameux bois côte, en Guadeloupe, à la Dominique. Pourtant l’ONF l’affirme, "il n’y a pas eu d’interdiction" de prélèvement. Les coursiers se sont finalement retournés vers un modèle plus moderne. L’ensemble de la flottille, y compris les mapipis, aurait cette pièce. Mais Tremplin et Mutuelle Mare-Gaillard n'auraient qu'un seul mât à disposition, en l'occurrence, celui en carbone. Pour le moment, la Fédération des yoles rondes est inflexible. Tout équipage qui utilisera du matériel non homologué sera disqualifié. "C'est une tricherie", conclut Éric Aglaé, le directeur du Tour.