CTM : Une alliance en forme de tentative de recomposition

Yan Monplaisir et Alfred Marie-Jeanne
Le fait le plus marquant de ce second tour des élections territoriales est l’alliance entre les listes d' Alfred Marie-Jeanne et de Yan Monplaisir. Au-delà d’une simple alliance électorale ponctuelle, nous sommes en présence d’une tentative de recomposition du paysage politique.
L’annonce de la fusion des listes "Gran sanblé pour faire réussir la Martinique" et "Ba péyi’a an chans" a provoqué un véritable séisme dans le paysage politique. Une secousse d’autant plus fortement ressentie qu’elle intervient à quelques jours du second tour d’une élection capitale. Les deux partenaires ont pris un risque calculé, celui de casser les clivages politiques auxquels nous sommes habitués depuis trois décennies, avec la persistance devenue de moins en moins pertinente au fil du temps entre trois blocs : départementaliste, autonomiste, indépendantiste.
 
Cette tentative de dynamiter nos habitudes est certes motivée par la nécessité d'ouvrir un nouveau cycle de notre vie politique. Au-delà, il s’agit d’un pari sur l’intelligence des responsables politiques soucieux de l’intérêt général et non de lieu chapelle. Une démarche entreprise ces cinq dernières années par la coalition Ensemble pour une Martinique nouvelle, cristallisant autour du PPM des personnalités et des formations se réclamant de la droite dite progressiste.
 
Il reste que dans cette alliance inattendue entre les indépendantistes, qui ne mettent pas leur drapeau dans leur poche, et la droite qui a retrouvé quelques couleurs, c’est bien cette famille politique qui paraît la plus fragile. Car le partenaire qui a pris le plus gros risque est la liste «"Ba péyi’a a chans", regroupant les Forces Martiniquaises de progrès et Les Républicains (ex-UMP). La droite peut devenir invisible, surtout si la liste d’alliance perd les élections.
 
Souvenons-nous : en 1998, Alfred Marie-Jeanne élu président de la Région ouvre sa majorité du MIM à l’Union de la droite. Les deux groupes signent un accord de gestion mais six ans plus tard, la droite ne parvient pas à capitaliser cette expérience pourtant réussie par Pierre Petit chargé du Développement économique, Miguel Laventure au Tourisme et Jean-Marcel Maran à l’Education.
 
A charge pour Yan Monplaisir et ses amis de se faire respecter, dans leur différences et leur constance. Car le climat a changé, l’alliance droite-indépendantiste étant scellée autour de la nécessité de barrer la route à Serge Letchimy.
 
Mais quel que soit le résultat dimanche, cette fusion inattendue aura eu un mérite : tenter de redessiner les frontières en usage dans notre paysage politique qui en a bien besoin.