Y a-t-il eu détournement de fonds publics au Ceregmia ?

Enquête en cours sur l'affaire du Ceregmia à l'Université des Antilles
L’enquête sur le Ceregmia est toujours en cours, mais en attendant, les créanciers frappent déjà à la porte. L’université a déjà payé pas moins de 3 millions d’euros à ce jour. Le plus gros reste à venir. (Re)voir le premier volet du dossier Ceregmia.
(Revoir) le premier volet de ce dossier :
Enquête sur les détournements de fonds présumés au sein d'un laboratoire de l'Université des Antilles
Du foie gras, du bon vin...lorsqu’ils venaient dans l'un des meilleurs restaurants de l'île, Fred Célimène et Kinvi Longossah, dirigeants du Ceregmia (Centre de Recherche de l’Université) ne se refusaient rien. Matthieu Jolly, le propriétaire, s’en souvient comme de très bons clients, jusqu’à un séminaire de février 2014 où le restaurant sera payé pour la dernière fois. Un mois plus tard, une enquête pour détournement de fonds en bande organisée est ouverte contre le Ceregmia.

Une note de plus de 10 millions d’euros

C’est l’ardoise présentée lors du conseil d’administration de la nouvelle université des Antilles. Une somme essentiellement liée aux projets du Ceregmia intégrant des fonds européens. Des sommes considérables ont été déclarées inéligibles. Les réclamations émanent de la Préfecture de Martinique ou de la Région Guadeloupe qui avait financé trois projets européens.

Les mécanismes

Au total, plus d’une dizaine de projets financés sur les fonds européens sont ainsi épinglés par les instances de contrôles. Dans chaque dossier, des factures qui n’auraient pas dû s’y trouver comme celle du projet IFGCAR. Une opération consistant à former des étudiants haïtiens pour un montant de plus de 3 millions d’euros. Le Céregmia déclare le paiement de billets d’avion à des professeurs…qui n’ont jamais travaillé là-bas, c'est le cas du professeur Antoine Delblond, professeur agrégé des facultés de droit, à Nantes (Loire -Atlantique).

À quoi a servi cet argent dépensé par l’Université et ses anciens partenaires ? D’abord, des rémunérations parfois très confortables aux dirigeants du Cérégmia. Sur le projet IFGCAR, Fred Célimène, le directeur du centre, facture ainsi plus de 300 mille euros de prestations sur 5 ans. Ensuite, des contrats douteux passés par le Cérégmia avec des sociétés dirigées par ses propres collaborateurs. 

À ce jour, pas moins de cinq sociétés de ce type ont déjà été découvertes. Une véritable organisation basée sur l’opacité. Ce ne sont là que quelques pistes sur lesquelles travaillent les enquêteurs depuis maintenant un an et demi. Comment une telle organisation a-t-elle pu prospérer sur presque 20 ans ?