22 mai jour férié, une polémique réglée après un long combat

Théâtralisation de l'attribution des noms aux nouveaux libres
Le 22 Mai est un jour férié depuis 34 ans seulement. Il a fallu plusieurs décennies aux militants communistes et indépendantistes pour faire reconnaître l’importance de cette date dans notre histoire.
Le 22 mai est devenu un jour férié depuis le décret pris à l’initiative du président François Mitterrand, en date du 23 novembre 1983. La journée officielle de commémoration de l’abolition de l’esclavage est spécifique dans chacune des anciennes colonies : 27 mai en Guadeloupe, 10 juin en Guyane, 20 décembre à la Réunion. La date du 27 avril a été arrêté récemment pour Mayotte, depuis que cette collectivité est devenue département, en 2011.
 
La reconnaissance du 22 Mai est l’aboutissement d’un long cheminement commencé grâce au dirigeant du Parti communiste, Gabriel Henry. Professeur d’anglais au Lycée Schoelcher, il a pu mener des recherches approfondies après avoir découvert que le gouverneur Rostoland avait interdit l’esclavage dans la colonie dans la nuit du 22 au 23 mai 1848. Des recherches non publiées, sauf à l’occasion de deux conférences données à Macouba en 1947 et sur la place de la Savane en 1950.
 

Une longue lutte

 Un nouveau pas, décisif, est franchi par l’historien Armand Nicolas en 1962. Il publie une brochure au titre évocateur : « La révolution anti-esclavagiste de mai 1848 à la Martinique ». Il y développe la thèse selon, laquelle les esclaves n’ont pas attendu le décret signé le 27 avril 1848 à Paris pour se soulever victorieusement. Jusqu’alors, il était de bon ton de célébrer le combat mené par le républicain Victor Schoelcher, longtemps considéré comme le principal artisan de l’abolition du travail servile.
 
Une thèse qui avait l’inconvénient de minorer, voire d’occulter les luttes incessantes des esclaves, des marrons et des libres de couleur. Armand Nicolas étant à l’époque une dirigeant de premier plan du Parti communiste martiniquais, son travail passe relativement inaperçu. Il est considéré comme subversif par le pouvoir gaulliste.
 

Un combat pour la dignité

Une nouvelle étape est franchie dans les années 1970, avec l’implication d’Aimé Césaire. En 1971, il fait planter une statue conçue par Khôkhô René-Corail en hommage au nèg mawon à Trénelle. En 1976, le maire de Fort-de-France informe le vice-recteur de l’académie qu’il accorde un jour de congé supplémentaire aux élèves le 22 mai. En 1977, il décrète un jour férié pour les employés municipaux. Il sera suivi par ses collègues du François, du Lamentin, de Macouba, du Morne-Rouge, de Rivière-Pilote et de Trinité.
 
Puis, peu à peu, la revendication de l’instauration d’un jour férié s’étend avec l’apport des syndicats, du MIM, de Combat Ouvrier et du GRS, notamment. Grèves et défilés se succèdent jusqu’à l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. Depuis, cette question restée longtemps source de polémique est réglée.


"22 mai 1848. L’esclave Romain de l’habitation Duchamp est arrêté sur ordre du maire de Saint-Pierre, Husson, pour avoir joué du tambour pendant que les esclaves préparaient le manioc. Les esclaves trouvant cette peine disproportionnée réclament sa libération devant la prison. Les forces de sécurité font usage de la force pour disperser la foule, mais Pory Papy, chargé de la Police fait libérer le prisonnier sous les acclamations de la foule. Le Maire Husson, favorable à l’esclavage convoque devant le conseil municipal Pory Papy pour des explications. Ce dernier reçoit le soutien de la foule d’esclaves qui veut le protéger. Le conseil municipal, face à cette foule en colère ne peut que voter l’abolition. Les rues de Saint-Pierre sont aux mains des esclaves toute la nuit. L’agitation se propage dans le sud et sur la côte atlantique. Le gouverneur Rostolland se résout à abolir l’esclavage". 


Plusieurs manifestations de commémoration sont prévues notamment au Prêcheur, à Fort-de-France et en particulier dans le rond-point du Vietnam héroïque où nous serons en direct Facebook dès 10 heures.