3 administrateurs ont 6 mois pour redresser le CHU de Martinique

Le plateau technique du Centre Hospitalier Universitaire de Martinique à Fort-de-France
À compter de ce 3 janvier, Angel Piquemal, Claude Dagorn et Pierre Lesteven sont chargés pour six mois de conduire l'administration provisoire du CHU de Martinique. C'est la situation jugée "sans précédent" de l'établissement, qui justifie cette mesure exceptionnelle.
Ce mercredi 3 janvier, le Centre Hospitalier Universitaire de Martinique devient officiellement le premier CHU de France à être placé sous administration provisoire. Claude Dagorn, Pierre Lesteven et Angel Piquemal, sont les trois membres de l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales), désignés pour mener cette opération de redressement, pour au moins six mois.

Cette mesure exceptionnelle pour le CHUM s'explique avant tout par "la sévère dégradation de la situation financière, capable de compromettre la qualité de la prise en charge des patients et les conditions de travail du personnel", rapporte le site Hospimedia (réservé aux abonnés). En effet, depuis 2016, le déficit annuel du CHUM a plus que doublé, il atteint aujourd'hui trente millions d’euros.

Rapport accablant de la cour des comptes


Quand l’hôpital ne consacre que 54 millions d’euros aux personnels (médecins, infirmières, aides-soignants ou autre), il consacre en revanche plus de 188 000 millions d’euros aux personnels administratifs et techniques. Sur ce point le rapport de la Cour des comptes est cinglant, "la distribution de revenus a donc pris le pas sur la performance dans la qualité des soins au service de la population martiniquaise".

"Le rééquilibrage financier est une condition préalable à toute relance des investissements" (selon le gouvernement)

Dans leur lettre de mission adressée mi-décembre à l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, et Annick Girardin, sa collègue des Outre mer, rappellent que les nombreuses difficultés auxquelles est confronté le CHU "exigent une mesure exceptionnelle de la part de l'État et une réorientation rapide et volontaire de la politique de l'établissement", précise Hospimedia.

Outre un travail d'amélioration de la qualité et de la sécurité des soins, "l'enclenchement d'une démarche de réduction des déficits revêt un caractère prioritaire", insistent les deux ministres, ce rééquilibrage des finances s'avérant "une condition préalable à toute relance des investissements".

Scepticisme local et rappel des spécificités


Manuel Galap, secrétaire général de l’USAM Santé, pense que cette décision aura des conséquences, "la direction du CHUM a acté avec le ministère, que le temps du retour à l’équilibre, il faut supprimer 212 lits et 312 ETP (Équivalents Temps Plein) donc en fait réduire la capacité d’accueil des patients dans le service public hospitalier or tout le monde sait que nous sommes déjà en sous-effectif en Martinique".

"Ce n'est pas en six mois que l'on va créer les conditions d'un équilibre comptable", redoute Yvon Pacquit, le président du conseil de surveillance du CHUM qui soigne son discours avant de recevoir les 3 administrateurs. "Il ne s'agit pas de continuer comme nous le faisons déjà depuis des années (...) Le modèle hexagonal utilisé n'est pas compatible avec la réalité objective en Outre-mer d'une manière générale et en Martinique en particulier".