Je me réveille à 2h ou 4h du matin. Ça dépend du travail qu’il y a à faire. Mais dès que je me lève, je mets mes deux genoux à terre et je prie. Je suis très croyant et, malgré tout ce qu’il se passe en ce moment, j’ai un moral de fer !
Il n’y a que les stations-services qu’on ne fournit pas en ce moment. Mes deux produits qui partent le plus aujourd’hui sont les pains de mie en sachet de 12 tranches et les hamburgers en sachet de 6. Je vends 300 à 400 hamburgers par semaine, alors que j’en écoulais à peine la moitié avant le confinement. Mais pour le reste, la production est au ralenti. Mon chiffre d’affaire a baissé de 60%.
Le fournil est d’ailleurs aujourd’hui le marqueur de la profession, au point que des boulangeries en ont fait carrément leur enseigne. C’est le cas d’une boutique située dans la zone artisanale et commerciale du Marin. Avant le confinement, elle vendait du pain, des pâtisseries, des sandwichs, et proposait de la restauration. Mais depuis le 17 mars, l’activité a dégringolé. Le co-gérant, Stéphane Gris, souligne.
En mars, nous avons perdu 30% de notre chiffre d’affaire. Pour avril, on risque d’atteindre 80%. Nous avons quasiment arrêté les pâtisseries parce que ça ne marche plus. Nos deux vendeuses et l’apprenti ont été mis en chômage partiel.
Stéphane Gris et Thierry Chapelle se sont connus chez leur ancien employeur commun. En 2016, ils décident de le quitter et d’ouvrir ensemble une boulangerie en rachetant, avec leurs économies, un fonds de commerce à l’entrée du Marin. Trois ans plus tard, le coronavirus leur retire le pain de la bouche. Stéphane Gris s'explique.On limite les jours d’ouverture pour limiter les invendus et limiter les mouvements de personnes. On a également adapté notre production. On privilégie davantage les gros pains car ils se conservent plus longtemps.
Comme Stéphane Gris et Thierry Chapelle, de nombreux boulangers-pâtissiers travaillent en ce moment pour une bouchée de pain aux quatre coins de l’île.On a la possibilité de s’en remettre parce que tout le monde a besoin de pain. Mais, pour nous, il faudra tout recommencer. Ça fait 3 ans qu’on travaille, mon associé et moi, 90h par semaine. On commençait tout juste à sortir la tête de l’eau et on songeait à faire des investissements. Bien sûr le gouvernement a promis des aides, mais ce sont des reports de charges qu’on devra rembourser tôt ou tard. Comment ferons-nous pour reprendre l’activité ? C’est toute la question !
Le président de la Fédération, Miguel Beaujolais, est en contact téléphonique permanent avec plusieurs boulangers, qu’ils soient adhérents ou non à la FBBPM. Aujourd’hui, au vu des remontées, il dresse un tableau plutôt sombre de la profession.
Pour ce qui est de mes adhérents, la moitié a perdu entre 40 et 50% de son chiffre d’affaires. Trois d’entre eux sont à 70%. En revanche, deux boulangers ont augmenté leur chiffre d’affaire de 30%, parce qu’ils se trouvent dans des quartiers défavorisés et parce qu’ils possèdent un coin épicerie dans la boutique. Les livraisons de pains à domicile ont également augmenté.