En arrivant à son local, elle découvre, effarée, que le volet de protection de la serrure a été endommagé. Un cambrioleur a visiblement tenté de forcer la porte qui donne sur la cuisinette, à l’aide sans doute d’un pied de biche. Sandra Merkiled est ulcérée. Elle explose sur sa page Facebook.
Sandra Merkiled a ouvert ce snack avec une associée en septembre 2018 pour vendre des tacos. Signe du succès de leur entreprise, elles employaient quatre salariés aux heures fastes. Mais en octobre dernier, elles se séparent de trois d’entre eux, après avoir vu la clientèle et le chiffre d’affaire baisser (entre 40 et 60%), en raison des travaux de rénovation de la rue de la liberté.En ces temps de crise, il y a encore des sous-merdes qui essaient de voler leurs prochains. Je suis sincèrement écœurée. Ces petites merdes n'ont pas réussi à entrer. Mais sincèrement, aujourd'hui commence une autre version du confinement : celle où en plus de m'inquiéter pour la santé de mes proches, je dois m'inquiéter aussi pour la survie de mon entreprise.
Avec le confinement, la fermeture du snack, et les pertes sèches en perspective, la dernière salariée a été placée en chômage partiel. La tentative de cambriolage a réveillé de mauvais souvenirs chez Sandra Merkiled. En juin 2019, le local avait déjà été visité. Elle soupire.
Hier matin, alors que Sandra Merkiled peste contre l’individu qui a voulu cambrioler son snack, au quartier Dillon, une automobiliste est victime d’un carjacking, le deuxième en une semaine après celui du Lamentin mardi dernier. Sous la menace d’un fusil, deux hommes braquent la conductrice et s’enfuient avec son véhicule.
L’an dernier le voleur est venu deux fois. Il a emporté le contenu de la caisse. J’ai déposé plainte en fournissant à la police les images des caméras de vidéosurveillance mais ça n’a rien donné. Cette fois encore, je vais porter plainte.
Dans l’après-midi, un nouveau braquage a lieu dans une station-service au Lamentin. Deux voleurs se jettent sur un homme qui s’apprête à retirer de l'argent dans un distributeur automatique. Une bagarre s’ensuit. Un coup de feu claque. L’homme est blessé à la jambe et évacué à l’hôpital Pierre-Zobda Quitman à Fort-de-France. Louisy Berté, secrétaire départemental adjoint du syndicat Alliance Police Nationale, ajoute.
Au chapitre des délits répertoriés pendant le confinement, il y a également le cambriolage, vendredi dernier, en plein couvre-feu, de l’école Emilie Fordant à Fort-de-France : les voleurs emportent une douzaine d’ordinateurs et un téléviseur entre autres.Il y a deux semaines, un bazar a été braqué au Lamentin. Pour autant, les vols avec violences ont diminué car il n’y a pas grand monde dehors. En revanche, quand nous intervenons dans les quartiers, nos voitures sont caillassées un jour sur deux.
En mars, des malfaiteurs s’étaient introduits sur le site d’une société de location de voiture pour siphonner nuitamment des engins de chantier. Plus tard, les mêmes ou d’autres avaient volé du carburant sur le chantier d’un magasin de meubles à Californie. Thierry Baucelin, secrétaire départemental d'Alliance Police Nationale, réagit.
Dans quelle proportion ont chuté les cambriolages ? Les chiffres communiqués par la préfecture font un parallèle instructif avec ceux de l’an passé à la même époque. En mars 2019, on dénombrait 125 cambriolages en Martinique contre 115 le mois dernier.
Les cambriolages ont lieu dans les zones industrielles car elles sont désertées en ce moment. Les atteintes aux biens ont néanmoins baissé car les gens sont chez eux.
Si les policiers se félicitent de la "légère baisse" des cambriolages, ils notent à l’inverse une hausse des tirages de moto sur l’autoroute et au quartier Sainte-Thérèse à Fort-de-France. Les amateurs de courses sauvages profitent des rues et des routes plus ou moins vides.
D’une manière générale, le non-respect du confinement préoccupe les forces de l’ordre. Entre le 17 mars et le 15 avril 2020, pas moins de 2 929 personnes ont été verbalisées. L’indiscipline des contrevenants constitue un danger en pleine crise sanitaire.
Thierry Baucelin indique à ce propos que les policiers ont reçu, via la préfecture, des masques fournis par l’ARS, dès le début du confinement.
Louisy Berté s’inquiète lui aussi de la sécurité des patrouilles et des équipes qui interviennent dans les quartiers.
Le problème c’est que, même s’ils paraissaient neufs, ces masques étaient périmés. Ils dataient de 2001 et 2011. Donc leur utilité était nulle. Finalement, la CTM nous a donné 2400 masques la semaine dernière et ceux-là ils sont bons.
Au trente-sixième jour de confinement, les policiers ne sont pas "rassurés". Ils dénoncent la "montée en puissance" des actes d’incivilités et craignent pour leur santé. À celles et ceux qui enfreignent les règles, ils leur conseillent, avant de sévir, de respecter la formule : "Rété a kay zot".
Nous allons au contact des gens. Lors des interpellations, ils sont souvent violents verbalement et physiquement. A ma connaissance, deux de nos collègues ont déjà été infectés par le coronavirus.