Elle remonterait à la fin du 19e siècle et aurait pris naissance dans les sociétés de secours mutuel. Ces associations qui pratiquaient l’entraide afin de permettre à leurs membres de faire face aux difficultés financières, à la maladie, au chômage ou encore au décès.
Ces organismes, qui ne sont généralement pas mixtes, regroupe des ouvrières (amarreuses de canne à sucre, charbonnières, couturières) ainsi que des femmes issues de l’élite intellectuelle féminine naissante.
Irma Cecette : première féministe martiniquaise ?
Ainsi, à Saint-Pierre, Irma Cecette, présidente de l’une de ces sociétés de secours mutuel, commence à répandre l’idée d’une égalité réelle entre hommes et femmes auprès des habitantes du "Petit Paris des Antilles".
En 1902, elle aurait même entamé la rédaction d’un ouvrage entièrement consacré à cette question. Ce projet ne verra pas le jour en raison de l’éruption de la Montagne Pelée, le 8 mai de la même année.
Ce n’est qu’après la première guerre mondiale, que les revendications féministes semblent revenir sur la place publique.
La demande en rhum s’est tarie, l’économie est en berne et les conditions de vie sont de plus en plus dures pour les ouvriers et les ouvrières. Comme en Europe, des femmes revendiquent le droit d’élire les représentants du peuple et de devenir elles même éligibles.
Le droit de vote au centre des revendications
En 1919, en pleine campagne électorale, le député martiniquais Joseph Lagrosillière se prononce en faveur du droit de vote pour les femmes. Il a d’ailleurs été accordé un an plus tôt aux sujettes du Royaume-Uni et est donc déjà une réalité dans les îles anglaises de la région.
Cette revendication prend de l’ampleur. Elle sera également portée par les "Dames de Tivoli" Camille Fitte-Duval et Césaire Rosamond, qui organisent une conférence sur ce thème en 1925.
Claude Carbet, une franc-maçonne membre de la loge "Émancipation féminine" a marqué les esprits en s’exprimant face à la foule le 31 Mars 1931, dans ce qui s’appelait alors la rue du commerce à Fort de France. Un discours dans lequel elle dénonce toutes les inégalités, défend les homosexuelles, le droit des femmes à disposer de leurs corps, le droit de vote...
Des femmes électrices et éligibles
Il faut attendre 1944 pour que la cause soit entendue. L’ordonnance d’Avril institue le droit de vote pour les femmes dans tous les territoires français.
Moins de deux mois plus tard, Jeanne Léro, une militante communiste issue de la classe moyenne (ses parents sont commerçants au Lamentin) fonde l’Union des Femmes de Martinique. Il s’agit au départ d’un prolongement local de l’Union des Femmes Françaises, un mouvement initié par les résistantes de la seconde guerre mondiale.
Il s’agit de la première organisation féministe de toute la Caraïbe.L’idée est de contribuer à l’émancipation des martiniquaises, à travers l’éducation ou encore le contrôle des naissances, mais aussi de lutter contre la misère sociale dans les quartiers populaires.
Les électrices sont plus nombreuses que les électeurs mais elles ne sont pas très nombreuses à se présenter au suffrage universel.Les martiniquaises exercent leur droit de vote pour la première fois le 27 mai 1945, lors des premières élections organisées après-guerre.
Ainsi, sur 533 élus, seules 57 femmes font leur entrée dans des conseils municipaux et aucune n’est élue maire.
75 ans après la première participation des martiniquaises aux élections municipales, seules deux femmes occupent des fauteuils de maires, sur les 34 communes que compte la Martinique.La première femme à accéder à cette fonction en Martinique sera Luce Lemaistre, dans la toute nouvelle commune du Morne-Vert, le 6 Mars 1949. Cette institutrice, ancienne élève du pensionnat colonial, restera en poste pendant 2 ans.