C’est une petite fortune en nature que le livreur vient de remettre à Maria. Rien qu’avec les quatre boîtes d'œufs, il y en a pour 100 euros à Cuba, soit près de trois fois le salaire moyen mensuel cubain qui culmine à 37 euros seulement.
Une aide extérieure
Ce sont ses enfants exilés aux États-Unis qui lui font parvenir ces produits alimentaires en moins de 48 heures. Huile, jambon, pâtes ou chocolat, des compléments devenus indispensables.
Recevoir ce type de produits est un soulagement pour nous, ce n'est pas vraiment une bouée de sauvetage, parce que nous les recevons depuis un certain temps, donc nous recevons les produits convenus avec notre famille en fonction des besoins que nous avons pendant le mois
Maria Paez
Avec 30% d’inflation l’année dernière, les quelque 11 millions d'habitants de l’île dépendent largement de la diaspora vivant aux États-unis.
Ces deux millions de Cubains, largement favorables à l’embargo américain, doivent se résoudre à envoyer toutes sortes de produits à Cuba grâce à plusieurs dizaines de plateformes en ligne.
Dans les enseignes spécialisées de Miami, c’est un ballet continu de colis de vêtements, de médicaments et autres fournitures scolaires.
Ils ne veulent pas d'argent, ils veulent que nous leur envoyions des compléments alimentaires ou des produits de première nécessité
Luis Manuel Mendez - Résident cubain en Floride
Parfois, ils me disent : "J'ai l'argent, mais je ne trouve pas ce que je veux", alors nous devons tout envoyer d'ici
Maribel Rios - Résident cubain en Floride
Les envois de fonds des États-Unis vers Cuba avaient atteint un record de 3,7 milliards de dollars en 2019, soit la deuxième source de revenus pour le pays, après l'exportation de services médicaux et devant le tourisme.
Dans un contexte d'exode record, les camionnettes des enseignes de livraison n’ont pas fini de sillonner l’île. Avec l’aggravation de la crise, les colis remplacent petit à petit l’argent qui définitivement... ne se mange pas.