Abolition de l’esclavage : vers une commémoration consensuelle ?

Les esclaves gagnent leur liberté le 22 mai 1848 en Martinique.
Par leur présence à l’Habitation Duchamp, point de départ de l’offensive victorieuse des esclaves insurgés en mai 1848, les maires de Saint-Pierre et du Prêcheur ont pris une initiative amenée à prendre de l’ampleur.
Depuis que la célébration de la révolte victorieuse des esclaves est devenue rituelle, dans les années 1980, c’est bien la première fois que les municipalités limitrophes de Saint-Pierre et du Prêcheur s’entendent pour une commémoration conjointe. Il importe de souligner l’intelligence politique de ces deux maires aux philosophies opposées. Christian Rapha, du Parti régionaliste, se réclame de la droite progressiste. Marcellin Nadeau, du Modemas, se revendique souverainiste.

Ils ont pourtant su trouver un terrain d’entente afin de conférer à l’événement l’importance symbolique qui se doit. Christian Rapha souligne que le soulèvement victorieux des esclaves appartient à la Martinique toute entière car il a été le fruit des luttes de tous les esclaves. Marcellin Nadeau lance un appel à la CTM afin de célébrer cette date dans l’unité. Il convient, selon lui, de se rassembler autour d’un objectif soutenu par notre plus haute instance politique territoriale.

Au lieu d’une kermesse ou de multiples épreuves sportives ici et là, n’est-il pas temps de susciter des rendez-vous en lien direct avec la célébration d’une victoire de nos ancêtres contre leur condition inhumaine ? Pourquoi ne pas instaurer, en effet, un label unique, qui regrouperait toutes les initiatives isolées pour une commémoration consensuelle de la révolution anti-esclavagiste ? Les maires de Saint-Pierre et du Prêcheur ont montré le chemin. Aux autres responsables politiques de prendre le relais. Ceux, toutefois, qui ont une claire conscience du désir de ce peuple de faire peuple.