Alfred Marie-Jeanne a créé la surprise lors de la réunion du MIM, vendredi dernier, en se positionnant come candidat à sa succession à la tête de la CTM.Que fait-il comprendre derrière cette déclaration tonitruante ?
"Je suis candidat à l’élection de la CTM en 2020". Ainsi parlait Alfred Marie-Jeanne lors de la dernière réunion mensuelle du Mouvement indépendantiste martiniquais, vendredi 27 janvier. Le président du conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Martinique a pris tout le monde de court en se positionnant pour le renouvellement de son mandat, dans cinq ans.Convenons qu’il est exceptionnel d’entendre un élu se projeter aussi longtemps à l’avance pour briguer sa propre succession. Men ki sa ki rivé Chaben pou i pran douvan kon sa ? Quelle mouche a donc piqué Chaben ? Ses adversaires interpréteront cette déclaration d’une phrase : "Après moi, le déluge". Comme si nul ne peut lui succéder, jusqu’en 2027, fin du prochain mandat de la CTM. Est-ce aussi simple ?
Un responsable politique ayant pas moins de 45 ans de vie publique à son actif ne prononce pas une telle phrase sans y avoir longuement réfléchi. Pour décrypter la pensée du président de l’exécutif, une hypothèse pourrait être avancée. Nous avons en mémoire le tollé provoqué par sa décision de ne pas renouveler son mandat de député, en juin prochain. Il a ainsi ouvert une vraie guerre de succession au sein du MIM et à l’extérieur. Untel se voyait déjà en haut de l’affiche, tel autre se considérait comme le dauphin. Au final : il n’y a pas de candidat estampillé MIM dans le Centre-Atlantique, au risque que la circonscription soit perdue.
Cette fois, Alfred Marie-Jeanne annonce la couleur. Sa succession viendra à l’approche de la fin de son mandat à la CTM. Par la même, il verrouille les ambitions et anticipe les défections, mais amplifie les frustrations. Un discours d’autorité, qui aura déçu les impatients, mais qui sera sûrement approuvé par une bonne partie de son électorat, lequel s’identifie fortement à celui que se définit comme "le président de tous les Martiniquais". Le président à vie ?