Ambiance tendue à la CTM : Yan Monplaisir signe une lettre de rupture avec Alfred Marie-Jeanne

Alfred Marie-Jeanne président du conseil exécutif de la CTM et Yan Monplaisir 1er vice-président de l'Assemblée
Dans un courrier du premier vice-président de l’Assemblée de Martinique au président du conseil exécutif, le chef de file de la droite de la majorité de la CTM, prend ses distances avec le leader du MIM. Yan Monplaisir dit ne plus supporter les méthodes d’Alfred Marie-Jeanne.
La coalition majoritaire "Gran sanblé pou ba péyi’a an chans" est-elle sur le point de voler en éclats ? La question se pose à la lecture d’un courrier daté du 29 mai 2020 envoyé par Yan Monplaisir à Alfred Marie-Jeanne. Le premier vice-président de l’Assemblée de Martinique, chef de file de la tendance de droite de la coalition, étale sur deux pages denses une série de reproches au président du conseil exécutif, chef de file de la tendance réunissant indépendantistes et autonomistes.

Rappelant qu’il a signé un contrat de gestion avec le MIM (Mouvement Indépendantiste Martiniquais) et ses alliés pour diriger la CTM, Yan Monplaisir écrit avoir privilégié la cohésion, la stabilité institutionnelle et le travail des membres de son groupe au sein de cette majorité. Et ceci, en reléguant "au second plan toutes les impatiences et incompréhensions qui ont jalonné ce parcours, ainsi que les insuffisances d’échanges et d’informations (…)".
 

Des réponses insuffisantes face à la crise?


Alors que l’heure est grave, il déplore que des décisions soient prises sans concertation au sein de la majorité pour juguler la crise économique et sociale se profilant à l’issue de la crise sanitaire. Il refuse que "des décisions majeures soient remises entre les mains d’un seul (...)".

Les dossiers sur lesquels il n’a pas été entendu concernent les compétences de la CTM en matière économique. Exemples : la réduction et le respect des délais de paiement aux entreprises travaillant avec la CTM, la gestion du patrimoine de la Collectivité, l’investissement dans les réseaux d’eau, la mise aux normes des établissements publics pour accueillir les personnes à mobilité réduite, ou les aides aux petites entreprises.

"Un comble pour un Exécutif chargé de mettre en œuvre les décisions de l’Assemblée !", écrit le premier vice-président de l’assemblée. Sous-entendu : l’assemblée est l’organe politique premier de la Collectivité Territoriale de Martinique, et non le conseil exécutif. La réalité a montré que c’est l’inverse qui se produit depuis l’avènement de ces instances, en décembre 2015.
 

Rupture consommée entre les deux ailes de la majorité


La critique est sévère. Est-ce à dire que ce texte est une lettre de rupture entre Yan Monplaisir et Alfred Marie-Jeanne ? Le mot n’est pas écrit, mais l’esprit y est. Yan Monplaisir nous confirme que son groupe sortira de la majorité, ne votera pas le prochain budget et s’emploiera à dénoncer les manières de faire du président du conseil exécutif.

Il poursuit :

Si j’ai mis de côté mes divergences sur le rythme et les modalités de mise en œuvre de nos politiques publiques dans le seul intérêt d’une Martinique apaisée, il convient désormais de changer de braquet en ces temps de crise. Il exhorte le président de l’exécutif : Le désankayaj c’est maintenant !  


Et de conclure, paraphrasant Aimé Césaire : "C’est aussi l’heure du plus large contre le plus étroit".

Les divergences entre les deux composantes de la majorité de la CTM, portant sur le fond et sur la forme, étant désormais identifiées, la conclusion s’impose. La campagne des élections territoriales de mars 2021 est bel et bien lancée.

Retrouvez l'intégralité de la lettre de Yan Monplaisir

Lettre de Yan Monplaisir