Avec les vidéos vérifiées à l’appui, l’organisation non gouvernementale Amnesty International, interpelle le président de la République-Dominicaine Luis Abinader sur les détentions arbitraires et violentes et les expulsions des ressortissants haïtiens.
L’organisation demande au président dominicain de mettre fin aux "politiques migratoires racistes".
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 300 000 expulsions ont été effectuées par les autorités dominicaines entre juin 2023 et juillet 2024.
Parmi eux, plus de 25 000 enfants et adolescents non accompagnés ont été rapatriés en Haïti. Ils sont remis aux autorités haïtiennes sans aucun protocole pour garantir la protection des mineurs non accompagnés.
Le président Abinader doit garantir le respect de l’intérêt supérieur de l’enfant et s’abstenir d’expulser et de détenir des enfants haïtiens en raison de leur statut migratoire ou de celui de leur mère et/ou de leur père.
Ana Piquer, directrice pour les Amériques, Amnesty International
La République-Dominicaine refuse d’écouter l’appel lancé par les Nations-Unies pour cesser les renvois forcés de personnes vers Haïti.
Les expulsions collectives sont contraires aux obligations internationales qui exigent une évaluation des besoins de protection de chaque immigrant.
Des expulsions arbitraires
Depuis octobre 2023, Luis Abinader a suspendu, pour une durée indéterminée, la délivrance de visas aux Haïtiens. La frontière est fermée et surveillée par les militaires. Les expulsions se poursuivent.
Amnesty International a obtenu des témoignages de victimes et d’organisations de la société civile. Le constat est sans appel. Des vidéos confirment le caractère discriminatoire et déshumanisé des opérations migratoires, des transferts de personnes et des conditions dans les centres de détention.
Les images montrent des enfants, des hommes et des femmes entassés dans des cages érigées sur les véhicules et utilisés par les Dominicains pour le transport et l'expulsion des Haïtiens.
Après des heures passées dans des cages ambulantes, les Haïtiens sont abandonnés dans les centres de détention, sans eau, nourriture et sans accès aux sanitaires. L’accès aux soins ou aux services d’un avocat est impossible.
L’extorsion, la violence, les vols de biens et des violences sexuelles font partis des accusations portées contre les autorités dominicaines.
Les organisations qui travaillent à la frontière entre Haïti et la République Dominicaine enregistrent continuellement des cas de personnes expulsées victimes de coups infligés par les autorités dominicaines.
Johanna Cilano Pelaez, chercheuse pour la région des Caraïbes, Amnesty International
Selon les informations vérifiées par Amnesty International, les femmes sont victimes de violences sexuelles commises par des agents dominicains dans les centres de détention.
Pour éviter les expulsions, les femmes enceintes refusent d’être suivies dans des hôpitaux dominicains.
Respecter la souveraineté dominicaine
La vice-presidente de la République Dominicaine, Raquel Peña a répondu aux déclarations d’Amnesty International.
Elle a souligné que les réglementations adoptées par le gouvernement concernant les migrants sont conçues pour répondre aux besoins et aux réalités du pays et que leur respect est essentiel pour maintenir l’ordre et la légalité.
Elle demande aux organisations internationales de respecter la souveraineté dominicaine.
La popularité du président Luis Abinader auprès des électeurs dominicains est bâtie sur sa politique antimigratoire.