L'ancien délégué interministériel chlordécone en Martinique dénonce la gestion actuelle du dossier

Éric Godard, cadre de santé et ancien chargé de mission de plan Chlordécone
La déclaration, en interne, de l’ancien chargé de mission de plan chlordécone, Éric Godard circule depuis quelques jours. Le fonctionnaire y dénonce la gestion du risque et de la communication, et même une certaine "distance avec la vérité". 
Son nom est associé au chlordécone depuis plus de 20 ans. Eric Godard, ingénieur à l’Agence Régionale de Santé, autrefois DSDS, est l’un de ceux qui dans les années 2000, alertait sur la pollution des rivières au chlordécone.

Autrefois chargé de mission interministériel, ses publications sont innombrables. Et c’est encore lui qui, il y a quelques mois, révélait l’augmentation des taux de chlordécone dans la viande et la volaille.
 

Les déclarations ont "fuité"


Autant dire que sa déclaration qui circule actuellement pèse lourd. Faite en interne lors d’une réunion de cadres, "elle a fuité", et notamment sur les réseaux sociaux. Dans ce courrier, Éric Godard parle d’une mauvaise évolution de la façon dont le dossier est traité. Moins de transparence, moins d’actions concrètes. C’est ainsi qu’il dénonce : "des déclarations contradictoires révélant une certaine distance avec la vérité et les faits n’ont conduit qu’à discréditer toujours plus la parole de l’État". 

"On a déjà assez de problèmes comme ça", lui aurait répondu un chef de service !

Le fonctionnaire raconte comment dans son travail, il a parfois été en butte à des résistances incompréhensibles. Ainsi, lorsqu’il demandait en 2002 le recensement des travailleurs agricoles exposés, "on a déjà assez de problèmes comme ça", lui aurait répondu un chef de service !

Éric Godard s’interroge également sur l’influence d’intérêts économiques dans la gestion du dossier.
À la veille de la retraite, il exhorte l’administration à cesser d’avoir plus peur du chlordécone que les populations concernées, pour soutenir une gestion "honnête et transparente".

C’est la deuxième fois que la contestation émane ainsi de l’intérieur de l’ARS. En début d’année, le syndicat CDMT avait pris des positions similaires dans une lettre ouverte.