Andoche Lothaire, surnommé "Modeste", est le spécialiste de la flûte en bambou

Reportage William Zébina et Marc-François Calmo ©Martinique la 1ère
La rubrique "Fondok" s'installe à Saint-Joseph cette semaine. Cela fait maintenant plus de 70 ans qu’Andoche Lothaire, surnommé "Modeste", confectionne des flûtes en bambou.

Eugène Mona, Max Cila, Dédé Saint-Prix et bien d’autres ont joué ou jouent encore avec ses instruments. C’est à l’âge de neuf ans qu’Andoch Lothaire tombe amoureux de la flûte des mornes en voyant Fafan jouer à la période de Noël.

Le lendemain, il emprunte le coutelas de sa mère en cachette pour aller couper du bambou et confectionner sa propre flûte. Malheureusement il se coupe et renonce avant d’y retourner quelques jours plus tard. Le jeune garçon confectionne alors une flûte, mais elle ne sonne pas juste.

Il gâche beaucoup de bambous avant de parvenir à faire une vraie flûte accordée, au son harmonieux. Il a alors 13 ans. Modeste confectionne des "toutoun bambou" pour tous ses copains et ensemble ils forment un groupe.

Aujourd’hui à 85 ans, le passionné fabrique toujours les instruments. Le jour où nous le rencontrons Modeste nous montre des flûtes qu’il a fabriquées en mi-bémol ou encore en do.

L’homme nous révèle ensuite une partie du processus de réalisation. Il attrape un bambou bien sec, prends des mesures et le coupe à la taille désirée.
La suite se passe dans sa cuisine extérieure, Modeste fait chauffer deux tiges en fer sur sa gazinière. Il les utilise pour faire des trous aux emplacements précis marqués préalablement au crayon à papier.

"Modeste" utilise un tige de fer chauffée afin de percer les trous qui composent la flûte.

Une fumée s’échappe du bambou donnant à la scène un côté mystique. Une fois la tige percée, il faut la laisser 48 heures au repos pour qu’elle prenne sa forme définitive avant d’accorder la flûte. L’opération est délicate. À l’aide d’un petit couteau à la lame très courte, aiguisée et très pointue, Andoche gratte légèrement les trous pour les élargir. Il place un accordeur devant lui et teste les notes en soufflant dans l’instrument.

Si l’accordeur affiche vert, la note est parfaite. Si ce n’est pas le cas, il faut l’ajuster en grattant encore légèrement l’intérieur du trou sans trop enlever de matière, car la flûte serait gâchée. Une fois toutes les notes ajustées, Modeste nous joue un air d’Eugène Mona puis de Max Cilla. Pas de doute, la flûte est bel et bien terminée, le son est éclatant...