Après la pandémie, le monde risque d’être plus inégalitaire qu’aujourd’hui

Des structures se battent contre la pauvreté.

L'épidémie de coronavirus est loin d’être terminée que déjà, les milieux économiques, les experts et les gouvernements élaborent des plans de reprise pour le monde d’après.

Une année entière. C’est le temps estimé nécessaire par les spécialistes les plus optimistes pour qu’une proportion suffisamment importante de la population de la planète soit immunisée contre le coronavirus. Par le vaccin, par d’autres médicaments ou étant contaminée.

Nous n’avons aucune certitude sur presque rien. En revanche, nous savons que le monde connaîtra une relance économique inégalitaire. Les différences de niveau de vie et de création de richesses vont s’accroître après-demain. Le Fonds monétaire international et l’OCDE constatent que la pandémie approfondit le fossé les entre pays pauvres et pays riches.

En outre, elle freine les progrès accomplis par les puissances émergentes. Celles-ci peinent à trouver des investisseurs étrangers ou à exporter leurs produits. Ces pays sont très divers : Afrique du Sud, Nigeria, Ghana, Égypte, Argentine, Mexique, Iran, Turquie, Ukraine, Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande, Vietnam. Ils concurrençaient les grandes puissances avant la crise dans certains segments. Ils sont désormais en danger.

Les pauvres paieront un lourd tribut

 

Quant aux pays les moins bien dotés, ils sont confrontés à une panne de liquidités, à la prudence des spéculateurs étrangers et au démantèlement de leur système économique et social durant la pandémie. Leur situation s’aggravera davantage.

Chez nous, nous voguons entre deux eaux. Nous bénéficions de toutes les mesures de relance en tant que territoire français et européen. De plus, la Collectivité Territoriale de Martinique contribue largement à la reconstruction. Un total de 886 millions d’euros est mobilisable ces deux prochaines années.

Dans le même temps, nous subissons la faiblesse structurelle de notre tissu productif. L’agriculture est faiblement valorisée, l’industrie reste embryonnaire et le secteur des services n’est pas structuré en filières. Néanmoins, nous serons relativement épargnés en raison de notre statut politique.

Une humanité à deux vitesses

 

Ce ne sera pas le cas chez nos voisins d’Haïti, de République dominicaine, de Sainte-Lucie, de Dominique. Idem en Afrique subsaharienne. L’extrême pauvreté menace 150 millions d’habitants dans ces pays et régions.

Les causes sont multiples : les retards dans les campagnes de vaccination, les freins à l’adaptation au numérique, la forte dépendance au tourisme et à l’agriculture d’exportation. Les pays en développement ne disposent pas des moyens pour se prémunir des séquelles de la crise et soutenir un programme de relance.

Si le monde d’après la pandémie ne ressemblera pas au monde d’avant, il y a fort à craindre que les plus faibles le seront davantage. Décidément, cette crise est loin de rendre service à l’humanité.