Belle preuve d'intelligence politique des maires de Sinnamary et du François

Michel-Ange Jérémie (maire de Sinnamary) et Samuel Tavernier (maire du François).

Les maires de Sinnamary et du François ont convenu de jumeler leurs deux communes, entraînant ainsi la fin des hostilités entre les clubs de football des deux communes. Un exemple à suivre ? 

Connaissez-vous le byala ? Et la pimentade de bœuf ? Ce sont deux spécialités culinaires de la ville de Sinnamary. Cette ville de 3 000 habitants entre Kourou et Iracoubo en bordure de l’océan Atlantique est le lieu de naissance d’Henri Salvador et du footballeur Jean-Claude Darcheville.

Amérindiens, Bushinengés et Créoles coexistent à Sinnamary

 

Sinnamary possède la base de lancement des satellites Soyouz depuis 10 ans, sur un terrain cédé à la Russie. Des archéologues y ont découvert de très importants gisements des traces de vie des Amérindiens Kalina, les premiers habitants du plateau des Guyanes.

Nous aurions tout à gagner à mieux connaître cette charmante commune où coexistent Amérindiens, Bushinengés et Créoles. La voie est toute tracée avec le jumelage entre cette ville et celle du François. Un mariage conclu dans l’urgence par les deux maires de Sinnamary, Michel-Ange Jérémie, et son homologue du François Samuel Tavernier, en fonctions tous deux depuis 2020.

Ils ont souhaité mettre fin de manière originale à une polémique qui n’avait pas lieu d’être née à l’issue d’un match de football. Sans revenir sur le malheureux incident déclencheur de la colère en Guyane, il faut rappeler que l’injure envers nos mères qui nous est banale est considérée comme l’insulte suprême là-bas.

Surtout chez ceux qui ne sont pas de culture créole comme nous, ce qui est le cas de la majorité des Guyanais. Il convient d’admettre que l’on peut offenser l’autre, même sans le vouloir.

Fort heureusement, cet épisode est derrière nous. Il vaut mieux retenir cette belle preuve d'intelligence politique montrée par les deux maires. Un appel à l’apaisement et à l’optimisme que n’ont pas hésité à signer ces deux dirigeants politiques et leurs entourages.

Le premier effet immédiat de ce jumelage aura été la fin des hostilités entre les deux clubs. Chacun s’est désisté des recours déposés et des plaintes annoncées. La paix est revenue, qui n’aurait jamais dû être rompue.

Il est à espérer que ce jumelage entre deux villes qui ont renoncé à consolider une inimitié malvenue fasse des émules. Il pourrait inspirer les autorités politiques, les décideurs économiques, les sportifs, les artistes et intellectuels à nous ouvrir un peu plus aux voisins de notre géographie cordiale.