Cette pandémie qui fragilise l’équilibre psychologique des martiniquais : comment ne pas perdre pied ?

L'angoisse suscitée par le coronavirus (image d'illustration)

Depuis le début de la pandémie de coronavirus, la plate forme d’écoute téléphonique "SOS Kriz" de Martinique, fait face à de nombreux appels de détresse. "Il y a une grande peur" observe l’association, mais il ne faut pas s’isoler expliquent les spécialistes de la santé mentale.

Après deux confinements et le spectre d’un troisième qui n’est pas écarté à cause de la pandémie de coronavirus depuis bientôt un an, beaucoup d’entre nous vivent cette période avec la peur au ventre.

L’inactivité prolongée de plusieurs entreprises, la crainte de perdre son emploi, les tensions intrafamiliales liées à la cohabitation dans certains foyers trop exigus et l’isolement social, sont autant de raisons pouvant favoriser l’angoisse, voire la dépression chez les personnes les plus fragiles.

"Désorganisation de la société" 

 

La plate forme d’écoute SOS kriz reçoit pratiquement tous les jours, des appelants perturbés par cette situation sanitaire.

Parmi nos appelants, il y a des gens qui ont contracté la maladie, qui sont passés en réanimation, qui ont vu leur mort disent certains, ayant des séquelles posttraumatiques, des insomnies, des consommations diverses (...)

 

Il y a aussi l’angoisse de certains chefs d’entreprises qui redoutent l’après Covid, des jeunes qui supportent mal les restrictions, les grandes personnes parfois isolées, bref... et du fait de cette désorganisation de la société, il y a une grande peur.

(Fabienne Sainte-Rose - secrétaire de SOS kriz Martinique)

 

Au regard de ces "témoignages poignants", Fabienne Sainte-Rose s’insurge "contre celles et ceux qui veulent à tout prix faire le carnaval, alors que la situation est grave pas loin de chez nous où l’on n’a pas hésité à annuler, au Brésil, à Trinidad...(...) Je ne comprends pas, c’est n’importe quoi !".

Pour faire face à cette anxiété, les spécialistes de la santé mentale conseillent pour commencer, d’essayer de vivre normalement, en se nourrissant correctement, en dormant à des heures régulières et en pratiquant une activité physique.

"Se créer des émotions positives"

 

Il faut également conserver les contacts sociaux affectifs les plus riches possibles, au travers d’appels téléphoniques ou d’échanges sur internet.

Par ailleurs, il est vraiment nécessaire d’être bien veillant avec soi-même.

Bien sûr les émotions négatives, la peur, la tristesse éventuellement, la colère, la frustration, peuvent être difficiles à supporter, mais il faut les accepter, comme des réactions normales. 

 

 

"Faire appel à des professionnels"

 

À côté de cela, il faut essayer de se créer des émotions positives, basées sur le plaisir, la détente (...) comme des récompenses pour s’aider à faire face à cette période difficile (...).

Si on n’arrive pas à se sortir de cette démoralisation, il peut être nécessaire de faire appel à des professionnels (des thérapeutes, médecins ou psychologues) pour vous aider.

(Antoine Pelissolo - psychiatre, professeur des universités, praticien hospitalier à Paris, intervenant de la chaîne PuMS - "Pour une Meilleure Santé" animée par un collège de médecins, via YouTube)

 

Plate forme d'écoute téléphonique de SOS kriz en Martinique.

Pour faciliter l’accès à ces professionnels en cas de besoin, un espace dédié à la santé mentale a été créé sur le site internet de Santé publique France permettant de recenser tous les dispositifs d’aide à distance, classés selon les thématiques (violence, deuil, détresse psychologique, addictions, parentalité...).

Un n° vert national d’appel téléphonique a également été mis en place par le gouvernement, dédié au soutien psychologique 7 jours sur 7 : c’est le 0 800 130 000.