Chlordécone, l’horizon indépassable des peuples de Guadeloupe et de Martinique

Intervention des gendarmes aux abords du centre commercial de Génipa à Ducos lors d'une manifestation de militants anti-chlordécone.
La tenue, samedi 3 octobre 2020, d’une visioconférence internationale contre la chlordécone et autres pesticides organisée par le Lyannaj pou Dépolié Matinik, montre bien que ce sujet est d’une actualité permanente.
 
Chlordécone : un mot employé quasiment tous les jours, désormais. Un élément devenu central de notre vie collective. Comme un horizon indépassable. Nous ne savons toujours pas comment nous débarrasser des traces de ce pesticide. Ni quand et comment seront indemnisées les victimes des maladies provoquées par son exposition.

L’Etat se réfugie dans un incompréhensible silence. Pourtant, les effets nocifs de ce produit chimique hautement toxique sont connus depuis longtemps. Précisément depuis un avis négatif rendu par la Commission des toxiques en 1968, saisie pour une autorisation de commercialisation. Une autorisation finalement accordée en 1972, pour une année seulement.
 

Comment comprendre cette inertie des autorités ?


Nous connaissons la suite. L’usage du pesticide a été largement effectué jusqu’en 1993. Et ce, en dépit de la parfaite connaissance de la toxicité de cette formule À ce jour, les responsables de l’empoisonnement des populations de Guadeloupe et de Martinique ne sont toujours pas traduits en justice.

En revanche, les militants qui se révoltent contre l’inertie des autorités sont promptement poursuivis et condamnés. Et ce, au nom de l’inviolabilité de l’ordre établi. Leurs accès de colère eussent-ils été possibles si la justice était passée ?

L’impatience n’est-elle pas légitime, deux ans après la déclaration inattendue du président de la République ? Selon lui, la responsabilité de l’Etat dans le scandale du chlordécone est claire. Et depuis, que s’est-il passé ? La même question se pose à propos du rapport de la commission parlementaire d’enquête présidée par le député Serge Letchimy.
 

Une patience au-delà de la souffrance non reconnue


Une cinquantaine de propositions pour sortir du chlordécone sont disponibles. Combien d’entre elles ont été mises en œuvre par le gouvernement ? Mentionnons aussi le rapport d’expertise remis aux juges d’instruction du tribunal de Paris le 21 septembre 2020. Ils sont supposés rechercher les responsables de l’empoisonnement à ce pesticide. Jusqu’à quand ?

Et comment comprendre la lettre ouverte au ministre de la Justice signée par Harry Durimel, l’avocat guadeloupéen des victimes du pesticide ? Après 14 années de procédure, il est temps que la justice se hâte, comme il le réclame.

Les populations de Guadeloupe et de Martinique attendent patiemment des réponses à deux demandes simples. Tout d’abord, qui est responsable ? Puis, quand le préjudice subi sera-t-il reconnu ? Est-il raisonnable de penser que les autorités répondent dans un délai raisonnable ?