Bien que l’utilisation du pétrole a un impact direct sur les dérèglements du climat, la fin de son exploitation industrielle et commerciale n’est pas pour demain. Et cela malgré les catastrophes provoquées partout sur la planète, les déclarations d’intention des grands de ce monde, les accords internationaux et surtout, l’évidence scientifiquement établie de la nocivité de cette source d’énergie fossile.
La combustion du pétrole, et dans une moindre mesure du charbon, génèrent des émanations de gaz à effet de serre, essentiellement le gaz carbonique et le méthane, qui restent en suspension entre la surface de la planète et l’atmosphère. Cette couche de gaz empêche le rayonnement solaire et provoque un effet de serre en dégageant une chaleur artificielle qui génère à son tour des perturbations du régime des vents, de l’ensoleillement et de la fréquence des pluies, notamment.
Pourtant, il est impossible de réduire ces émanations. Le dernier exemple en date de cette impuissance collective est l’échec du Sommet du G20 tenu en Inde du 8 au 10 septembre 2023. Les chefs d’État ou de gouvernement des vingt pays les plus riches n’ont pas pu s’entendre sur le calendrier de la réduction de la consommation de pétrole. Par conséquent, il leur a été impossible de s’entendre sur la nécessaire lutte concertée contre le changement climatique.
La lutte contre le changement climatique, un vœu pieux ?
Il est vrai que les intérêts en jeu sont colossaux. Premièrement, la plupart des pays pauvres ou moyennement riches d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud n’envisagent pas leur développement sans le pétrole. Comparé au coût d’autres sources d’énergie, celui du pétrole demeure raisonnable, en dépit de la volatilité des cours d’achat. Cette ressource demeure ainsi largement nécessaire aux activités productives et à la vie quotidienne.
C’est la raison pour laquelle de nombreux pays non occidentaux refusent les injonctions des pays occidentaux quant à une réduction de la production d’hydrocarbures. En Afrique, en Amérique du Sud ou en Chine, un discours est diffusé selon lequel la prospérité de l’Amérique du Nord et de l’Europe a été bâtie depuis deux siècles sur l’industrie polluante générée par le charbon puis le pétrole.
Dans la Caraïbe, y compris dans les territoires français, nous en sommes réduits à dépendre du pétrole. Les raffineries d’Aruba, Curaçao, Cuba, Jamaïque, République dominicaine, Trinidad-et-Tobago et Martinique tournent à plein régime. Ne parlons pas de celles du golfe du Mexique. En plus, de nouveaux gisements pétrolifères prometteurs ont été découverts ces dernières années dans les abysses.
Notre archipel demeure dépendant aux hydrocarbures
Au large des côtes de l’Amérique du Sud, les ingénieurs de la compagnie nationale brésilienne Petrobras ont mis au point une technologie adaptée pour extraire les hydrocarbures à 6 000 mètres sous la surface de l’océan Atlantique, à 200 kilomètres des côtes de Rio de Janeiro. Il en va de même pour le Guyana et le Surinam, appelés à devenir de riches États pétroliers. La Guyane française voisine n’a pas ce privilège, le puissant lobby pétrolier ayant décidé que les gisements d’hydrocarbures sont inexploitables.
Le pétrole demeurera un horizon indépassable tant que les énergies renouvelables n’auront pas supplanté les énergies fossiles. La domination des compagnies pétrolières sur le marché mondial de l’énergie est telle qu’il est compliqué de se passer du pétrole, pourtant appelé à disparaître d’ici à un demi-siècle, selon les géologues. Les nécessaires investissements dans les autres types d’énergies s’en trouvent ralentis par ces entreprises transnationales ou par d’autres qui souhaitent conquérir leur place.
Ainsi, contrairement aux intérêts des Terriens, l’exploitation du pétrole a de beaux jours devant elle. Par conséquent, le réchauffement climatique n’est pas sur le point d’être jugulé. Les catastrophes se déroulant sous nos yeux vont se multiplier. Il serait malhonnête de dire que la nature est devenue folle, quand c’est l’humanité qui l’est.