Le professeur Pascal Saffache livre ses réponses sur les priorités écologiques pour lutter contre le changement climatique, l'application des mesures et les obstacles rencontrés à la Martinique.
En Martinique quelles sont les priorités dans la lutte contre le changement climatique ?
Aujourd’hui seulement 20% de notre énergie provient des sources renouvelables. On a la capacité de satisfaire 75% de nos besoins avec l’utilisation massive des sources des énergies renouvelables : soleil, vent et mer qui sont abondants chez nous mais pas suffisamment exploités. Il y a trop peu de panneaux photovoltaïques à la Martinique, trop peu de parcs éoliens. On doit capter l’énergie de la mer avec l’implantation des hydro éoliens dans les canaux de la Dominique et de Sainte Lucie. Il faut relancer le projet ETM (Energie thermique des mers), abandonné (en 2018) par les politiques. On doit apprendre à fonctionner différemment. Inciter la population à régler les climatiseurs à 24° afin de réduire les factures et récupérer l’eau de pluie comme faisaient les anciens systématiquement.
Pascal Saffache, Maître de conférences et directeur du département géographie - aménagement de l'Université des Antilles
Comment appliquer ces mesures ?
La Collectivité Territoriale de Martinique et l’Etat doivent adopter des mesures politiques. L'installation des panneaux photovoltaïques doivent être obligatoires, accompagnée d’un plan de financement. Désormais la norme serait que tous les bâtiments soient couverts de panneaux photovoltaïques. Par exemple, la société Ozanam est proactive. Son objectif 2023/2024 est de poser des panneaux solaires sur les toits de tous ses bâtiments. Imaginez s’il y avait une initiative institutionnelle en faveur de l'énergie photovoltaïque, financée comme il le faut ?
Quels sont les obstacles qui empêchent la mise en place des initiatives en faveur de l’environnement ?
On n’arrive pas à changer les mentalités. Et ça ne se passe pas en un claquement de doigts. La population doit être informée des avantages liés à un changement des comportements. Des modules de l’enseignement doivent être obligatoires dans les écoles pour que la société de demain cultive des réflexes face aux habitudes de conservation. Le temps est compté. Notre écosystème va s’effondrer. On ne peut pas continuer sans agir. Sinon on baisse les bras et on attend que la fin arrive...