Comment assurer la sécurité des cyclistes martiniquais sur les routes ?

De nombreux cyclistes ont été renversés par des automobilistes lors d'une sortie. Pour éviter qu'un nouveau drame arrive comme en Guadeloupe le 16 février 2021, des précautions sont prises. Mais certains usagers de la route sont mécontents.

Régulièrement des cyclistes sont fauchés sur les routes de Martinique. Si aucun accident mortel n’est à déplorer ces derniers temps, ce n’est pas le cas pour la Guadeloupe qui connaît les mêmes problématiques.

Mardi 16 février 2021, Lucas Arstand, âgé de 17 ans, s’entraînait avec son équipe de l’UVN sur la RN1 au niveau de Destrellan quand il a été percuté par une voiture. Le jeune homme décèdera des suites de ses blessures.

Ce drame soulève de nombreuses questions. Bon nombre d’automobilistes sont excédés par la présence des cyclistes sur les routes car ils provoquent de nombreux ralentissements, alors que la circulation est déjà surchargée.

Des précautions prises par les équipes

 

Dimanche 21 février 2021, l’équipe du Madinina Bikers a décidé de faire une sortie d’entrainement. Un groupe de 6 coureurs, Covid oblige, composé de juniors et de seniors. Tous sont partis vers 07 heures du Lamentin en direction du Marin avant de revenir à leur point de départ aux alentours de 10 heures.

Mais ils ne se sont pas arrêtés là. Ils ont changé de vélo, délaissant celui de route pour celui du contre-la-montre et sont allés reconnaitre le parcours de la compétition de samedi entre le giratoire de Sarrault et l’Institut Martiniquais du Sport au Lamentin.

Pour rappel, la rocade et l’autoroute sont interdites aux cyclistes.

Un groupe de cinq coureurs du Madinina Bikers à l'entrainement.

Sur cette sortie aucun incident n’est à déplorer. Eddy Marie-Sainte, le président du club est satisfait. Mais pour que l’entrainement se passe aussi bien, il a donné de sa personne. Pour protéger ses coureurs, il les a suivis avec une voiture visible, muni d’un gyrophare. Grâce à son expérience, il a su rester à bonne distance du groupe.

Il précise également que son placement a été essentiel. En se positionnant près de la ligne centrale, il empêche aux automobilistes de le doubler, de plus surpris par le rétrécissement de la chaussée, ils freinent.

"J'ai peur"

 

Une fois que la situation devient trop compliquée à gérer, il fait stopper les coureurs afin de faire passer les voitures et ainsi fluidifier à nouveau la circulation.

De leurs propres aveux, les cyclistes ont peur. Marc Flavien, qui revient à la compétition après plusieurs années d’arrêt. Il a été victime de plusieurs chutes à cause des conducteurs.

Je pars la boule au ventre. Je suis obligé de faire attention pour ne pas me mettre en danger. J’espère que les conducteurs font attention à nous aussi. À chaque kilomètre j’ai peur. C’est dommage c’est un sport à risques mais je l’aime trop pour ne pas rouler.

Marc Flavien, coureur du Madinina Bikers

Quelles solutions ?

 

Alors comment lutter efficacement contre ses accidents ? Créer des pistes cyclables n’est pas possible à cause du manque de place sur les axes routiers et le coût financier.

Les cyclistes ne veulent pas rester sur les anneaux qui leur sont réservés. Pour expliquer cette décision, Eddy Marie-Sainte prend comme exemple la sortie d’entrainement réalisée par ses coureurs. "Ils ont fait plus de 70 km. L’anneau fait 1 km. Vous imaginez le nombre de tours qu’il faudrait faire".

Le président du Madinina Bikers souhaite que des tronçons de routes soient ouverts aux cyclistes. Ces portions seraient dotées de feux avertissant de la présence de coureurs, obligeant les automobilistes à ralentir.

Pour l’heure, aucune solution pérenne n’a été trouvée. Conducteurs et cyclistes vont encore devoir se partager la route...pour le meilleur.