Comment mobiliser notre génie collectif pour sortir de la crise sanitaire ?

Nous étions à 42 000 cas positifs au coronavirus SARS-Cov-2 et à près de 650 décès le 5 octobre 2021 en Martinique. Et nous ne voyons pas encore le bout du tunnel pour sortir de cette crise imprévisible. Pourtant, il le faut, mais à quelles conditions ?

Sortir la tête haute de la crise du Covid-19. Voilà le nouveau défi qui s’offre à la communauté martiniquaise dans son ensemble et dans sa diversité. Communauté, une notion dépassant celle de peuple. Tous les habitants vivant ici n’étant pas des Martiniquais, ils vivent néanmoins sur cette île. Au-delà du débat clivant entre partisans et opposants aux mesures coercitives décidées par le gouvernement, un véritable traumatisme social est apparu ces derniers mois.

L’instauration du couvre-feu, des confinements à répétition, du passeport sanitaire et de l’obligation vaccinale pour les professionnels de santé contribue à créer de fortes lignes de partage au sein d’une société d’autant plus vulnérable que nous ne maîtrisons pas la politique de santé publique. L’Etat en est le seul responsable légal. Ce qui n’empêche pas aux élus de proximité de suppléer à certaines carences. Nous l’avons observé, ici et dans toute la France, depuis le début de la pandémie.

Le temps viendra des procès. Le moment arrivera pour interpeller les responsables des lacunes de notre système de soins. L’instant arrivera, où nous nous pourrons tirer au clair les raisons de notre défiance envers l’Etat, envers les politiques et surtout envers les scientifiques.

Imaginons des lendemains meilleurs

 

Aujourd’hui, n’est-il pas temps d’imaginer ce que nous deviendrons demain, au sortir de la crise ? Le moment n’est-il pas arrivé de nous interroger sur la manière de recoudre des liens distendus de solidarité, de tisser à nouveau les relations au sein des familles fracturées ? Pourquoi ne pas nous inspirer de ce qui se pratique dans des pays qui nous ressemblent, la Caraïbe en l’occurrence ?

S'exprimant sur l'antenne radio de Martinique La 1ère, le Dr. Alex Bottius, psychiatre confronté aux dimensions psychologiques de la crise, estime que celle-ci va générer un impact très long, vu les traumatismes qu’elle provoque. Il se demande dans quelle mesure nous pourrons mobiliser notre capacité de résilience afin d’amortir cet épisode imprévisible dans sa survenue, dans sa durée et dans ses formes. La prise en charge médico-sociale concerne déjà des personnes fragilisées par la pandémie.

Si le confinement entraîne un ralentissement de la circulation du virus, il créée dans le même temps des situations de violence au sein des familles. Le médecin constate aussi des stratégies d’évitement installant une espèce d’éloignement social et de peur de l’autre. Sans oublier une sorte d’auto-confinement pour éviter de sortir de chez soi, de crainte d’être contaminé.

Une situation inconnue dans notre histoire

 

Nous n’avions pas encore connu une situation de ce type. Aucun cyclone n’a pu casser à ce point notre dynamique sociale. Ni les récentes éruptions de la Montagne Pelée de 1902 et de 1929. Et encore moins la dernière catastrophe collective, le crash de Maracaïbo d’août 2005. Ces événements ont créé, au contraire, le raffermissement de notre solidarité légendaire et des élans de compassion.

Cette pandémie, à l’inverse, met à nu les limites de notre fraternité proverbiale. Elle occulte nos habitudes de manifester notre sympathie envers des personnes éprouvées par la douleur. Or, ce ne sont pas le gouvernement, ni le préfet, ni le maire, ni le curé, ni même le médecin qui pourront nous proposer des solutions pérennes.

Leurs compétences techniques ou professionnelles ne le leur commandent pas. Il nous appartient, collectivement, de nous rassembler dans l’objectif de compter nos forces, pour affronter des lendemains complexes, au risque de disparaître, en tant que peuple.