En période de crise sanitaire, comme c’est le cas en ce moment avec la pandémie de coronavirus, rien ne va plus. Le mercure s’affole dans des proportions inédites et la fièvre gagne les acteurs du secteur de la construction.
C’est le cas de Serge Ségur, gérant de Sibat, une société de construction de maison à ossature bois. Il ne décolère pas contre Emmanuel Macron qui avait promis de soutenir financièrement les petites et grandes entreprises. "Un mécanisme exceptionnel et massif de chômage partiel sera mis en œuvre", avait déclaré le président. Serge Ségur précise :
Le gérant de Sibat relève également un détail qui inquiète la grande majorité des chefs d’entreprises de la Martinique. Même si l’Etat s’est engagé à prendre en charge 100% du chômage partiel, il va falloir décaisser avant d’être remboursés, dans un trimestre ou deux."Le gouvernement avait dit qu’il aiderait tout le monde en cas de chômage partiel. Mais depuis deux jours, il se rétracte en disant que le bâtiment n’est pas concerné, car il emploie plus de deux millions de personnes et que ça couterait trop cher. Donc, il faut qu’on continue à travailler.
Or, depuis une semaine, nos employés sont restés chez eux, en raison du confinement, et ils ne veulent pas revenir. Comment je fais ? Et en même temps, mon rôle à moi, c’est de préserver la santé de mes salariés",
Serge Ségur s'interroge
"La trésorerie des sociétés est en difficulté depuis quelques mois. Qui va payer fin mars ? Comment les gens vont vivre ?",
Tout comme lui, le président du SGDA (syndicat de la distribution et des grossistes alimentaires), François Despointes, se dit préoccupé par la santé des salariés de son secteur. Les supermarchés doivent restés ouverts pour permettre à la population de s’alimenter. Les enseignes se sont adaptées à cette situation exceptionnelle en installant des "pare haleine" au niveau des caisses pour éviter notamment les postillons.
François Despointes explique :
"Nous ne disposons pas de masques pour la plupart d’entre nous pour les raisons que l’on sait. Alors nous recourons à des palliatifs avec l’installation de plaques de plexiglass pour protéger nos hôtes et hôtesses de caisses qui sont en première ligne. Ils disposent également de gants et de gel hydroalcoolique. Nous avons conscience aujourd’hui dans cette période de crise sanitaire que notre mission dépasse celle d’une entreprise privée classique".
François Despointes a succédé à Robert Parfait à la tête du syndicat, le mois dernier, en pleine crise sanitaire. Le coronavirus a d’ailleurs touché une salariée d’un des magasins du groupe SAFO (Société Antillaise Frigorifique), dont il est le directeur général. Il s’agit de Promocash, dont la clientèle est composée de professionnels de la restauration : hôtels, bars, pizzerias, etc.
La direction de Promocash a aussitôt joué la transparence en publiant ce communiqué dimanche dernier. Aujourd’hui, les employés de Promocash ont surmonté l’épreuve. Le magasin continue de recevoir normalement son public, en filtrant les entrées. Les caissières opèrent derrière une vitre et un marquage au sol a été installé pour les facturières, afin de garder les clients à bonne distance. Et les salariés qui travaillent en ce moment, que pensent-ils de leur situation ? Une caissière d’une grande surface raconte, entre deux clients, le climat ambiant dans les supermarchés et hypermarchés restés ouverts en cette période de confinement général.
Comment travaille-t-elle ? A-t-elle peur du coronavirus ? Sa réponse est immédiate.
Au quatrième jour de confinement, les hôtes et hôtesses de caisses font bonne figure. Même s’ils ne laissent rien paraitre, certains sont néanmoins inquiets. Contrairement aux gens qui enfreignent chaque jour les règles de confinement, sans motif valable, eux ne se seraient dans doute pas fait prier, s’ils en avaient la possibilité, pour appliquer la formule : "Rété a kay zot"."Personnellement je n’y songe même pas. J’ai compris l’utilité de venir travailler. Il faut nourrir la population. Je me protège avec des gants et du gel hydroalcoolique. La direction a fourni des masques pour celles et ceux qui le veulent. Moi, je n’en vois pas la nécessité, mais je respecte la distance de sécurité avec mes collègues et avec les clients".