À Schoelcher, par exemple, un médecin ne cache pas sa satisfaction :
"Chez moi, il n’y a pas d’angoisse. Mes patients sont confinés comme tout le monde et ils restent à la maison. S’ils ont un problème, ils m’appellent. Je travaille beaucoup par téléphone".
Dans les pharmacies, ça ne désemplit pas en revanche, même si l’affluence n’est pas la même qu’en début de semaine.
raconte une pharmacienne."On a eu beaucoup de monde lundi et mardi. Les gens achetaient du Doliprane, deux ou trois boites d’un coup. Ils prenaient également des stimulants et des remontants. Maintenant, ça s’est calmé",
souligne la pharmacienne."Sur présentation de l’ordonnance, la Sécurité sociale nous autorise exceptionnellement à renouveler le médicament, même si ce n’est pas spécifié sur le document. Cette dérogation est valable jusqu’au 31 mai 2020"
La ruée dans les pharmacies a néanmoins fait réagir l'Agence nationale du médicament à Paris. Depuis hier, elle a restreint la vente de paracétamol : une seule boite par personne en l'absence de symptômes et deux en cas de fièvre ou de douleurs.
Au hit-parade des médicaments les plus vendus en pharmacie, le Doliprane (1 gramme, boite de 8 comprimés) se classe largement en tête.
indique-t-on chez Ubipharm."Le mois dernier, nous avons livré aux pharmacies deux-mille cinq-cents boites de Doliprane. Depuis le début du mois de mars, depuis dix-neuf jours donc, nous sommes déjà à quatre-mille boites. On est sur la même courbe que pour l’épidémie de chikungunya où on tournait autour de dix-mille boites",
Si le paracétamol est très demandé, les Martiniquais ne lésinent pas non plus sur les compléments alimentaires. L’extrait de pépin de pamplemousse est par exemple en rupture de stock chez Sodima, un grossiste en produits paramédicaux
explique-t-on chez Sodima."On a vendu cinq-cents boites depuis le 1er mars. À titre de comparaison, l’an dernier, pour toute la durée du mois de mars 2019, nous avions vendu 152 boites. L’extrait de pépin de pamplemousse renforce les défenses immunitaires",
s’interroge ce médecin retraité."En cinquante ans de carrière, c’est la première fois que je suis confronté à un tel scénario catastrophe. C’est pire que nos cyclones ou tremblements de terre. Si nous ne sommes pas raisonnables, si nous ne respectons pas le confinement, qui, seul, peut ralentir ou stopper la pandémie, dans quinze jours, nous aurons un pic à la Martinique qu’on aura du mal à gérer. Nous avons certes un service de réanimation et de cardiologie de grande qualité, mais aurons-nous assez de respirateurs, assez de machines à oxygène, si les choses venaient à empirer ?",
Quoi qu’il en soit, en ce troisième jour de confinement, les Martiniquais continuent de sortir pour acheter des médicaments, sans parler de ceux qui vont encore dans les supermarchés. Il reste visiblement beaucoup d’efforts encore à faire pour que chacune et chacun s’applique la formule au quotidien : "Rété a kay zot".