Coronavirus : devrons-nous faire face à un manque de respirateurs en Martinique ?

En plus des masques ou des gants, en nombre insuffisant, le manque de respirateurs inquiète les professionnels de santé face à la pandémie du coronavirus. En Martinique, selon le directeur du CHU, une centaine d'appareils seraient disponibles et d'autres en commande. 
La pandémie de coronavirus ne se manifeste pas de la même manière pour toutes les personnes dont le test se révèle positif. 

Si certaines ne présentent que des symptômes légers, d'autres développent une forme sévère de la maladie. Ces derniers, en détresse respiratoire, sont pris en charge dans l'unité de soins intensifs du CHU de Martinique et doivent être reliées à des respirateurs.
 

Ces appareils sont vitaux


En effet, lorsque les poumons ne peuvent plus se gonfler et se dégonfler seuls pour renouveler l'oxygène dans le sang et évacuer le gaz carbonique, c'est le respirateur qui prend le relais et assiste l'organe dans sa mission pour aider les patients à survivre.
 

Une centaine de respirateurs en Martinique 


Selon le directeur du CHU, son établissement et la clinique Saint-Paul disposent de respirateurs.

Majoritairement tous les respirateurs sont en CHU. On en a plus d'une centaine de différents types pour répondre aux besoins de la population. La clinique Saint-Paul a un parc d'un petit plus de 10 respirateurs.

On fait la différence entre deux types de respirateurs, qu'on utilise en réanimation et au bloc opératoire. Ceux-là sont un petit moins performant que ceux utilisés en réanimation, mais ils peuvent tout à fait les remplacer, explique Benjamin Garel. 

De leur côté les syndicats ne masquent pas leur inquiétude. 

Je peux dire aujourd'hui de manière sûre que nous sommes informés de l'inventaire d'une cinquantaine de respirateurs. Les 100 qui sont annoncés tiennent compte des respirateurs qui devraient être prêtés par la clinique et ceux disponibles dans les services du bloc opératoire de la Meynard et de Mango Vulcin. 

Nous sommes en deçà des quantités de sécurité d'où nos inquiétudes, explique Magalie Zamor secrétaire générale du syndicat CGTM-Santé.


Nettement moins puissants, les appareils de ventilation mécanique disponible sur prescription médicale auprès de professionnels spécialisés, ne conviendraient pas pour une atteinte pulmonaire aiguë liée au Covid-19. 
Seuls les appareils dédiés au bloc opératoire et aux services réanimation, qui permettent également de surveiller le patient et ses constantes, peuvent être utilisés pour une telle pathologie. 

Avant même l'épidémie de coronavirus, le CHU de Martinique avait commandé six respirateurs pédiatriques puis cinq autres "il y a très longtemps, ça devrait arriver dans le mois qui arrive", constate le directeur. 

Au pic de la crise, on a demandé à Paris un renfort de 26 respirateurs . Parce que dans ceux que nous avons, il y en a beaucoup qui sont assez vieux. On ne sait pas trop quand ça va arriver vu qu'il y a une grosse tension mondiale sur les respirateurs. 

Est-ce que cela sera suffisant ? Nul ne le sait


En Martinique, sur les 177 patients dépistés, lundi 23 mars 2020, 53 ont été diagnostiqués positifs au Covid-19. Un chiffre qui ne reflète en rien la réalité puisque le nombre de cas réels est nettement supérieur à ceux officiels. De plus, le dépistage n'est pas systématique en Martinique comme en France Hexagonale. 

Aujourd'hui nous n'avons pas atteint le pic, mais le seuil pour passer en stade 3. Imaginez-vous dans les jours à venir que le chiffre augmente et que les cas soient graves et nécessite d'être mis sous respirateur. Et là nous ne sommes pas prêts et nous n'aurons pas de respirateur pour tout le monde. 

Compte tenu du fait que nous n'ayons pas le nombre de respirateurs suffisant pour pouvoir soigner et prendre en charge l'afflux qui risque d'arriver, on aura des difficultés. On sera amené à sélectionner. Ce serait désolant qu'au niveau de la Martinique on arrive à ce niveau.

Nous avons cinq patients qui sont intubés, sous respirateur, donc là ça va on peut prendre en charge. Nous croisons les doigts pour que le chiffre n'augmente pas, espère Magalie Zamor. 

Rappelons que sont les personnes qui aident le virus à se déplacer. Ainsi, les seuls remparts à sa propagation sont de rester chez soi afin de ne pas s'exposer et d'exposer les autres.