Coronavirus : personnel hospitalier, médecins, policiers, pompiers ... chronique de vies en sursis pour sauver les nôtres !

L'appel du Dr Yannick Brouste chef du service des urgences du CHUM
Laisse moi te dire mais comment le dire ? #reste chez toi où bien mets la vie de ceux qui oeuvrent à sauver la nôtre en danger de mort. Au choix! Au front jour et nuit, le personnel hospitalier sauve les vies de patients infectés ou en réanimation. Une course contre la montre. Sur le fil de la vie. 
57 patients infectés par le coronavirus dont 7 intubés et ventilés au centre hospitalier de Martinique. Un décès à déplorer. Deux patients sont sortis d'affaire. Autant se l'avouer la liste va s'allonger. 

 Chaque jour, la publication de ces chiffres tombe, presque froidement sur nos tablettes et les commentaires vont bon train sur les réseaux sociaux.

La peur, la colère s'expriment. La population où du moins une partie est confinée au domicile. En état de sidération pour la plupart.
 

Chronique de vies en sursis pour sauver les nôtres 


Derrière les chiffres, des femmes et des hommes. Yannick Brouste, chef du service des urgences du CHUM et son équipe. Au front nuit et jour. À tour de rôle. Les maillons d'une chaîne qui ne doit pas casser. 

Quand la porte de la maison se referme, la boule au ventre mais le coeur à l'ouvrage, le chef des urgences sait qu'il ne doit pas faillir. Une famille l'attend d'un côté, son épouse et ses enfants. 

Et aux urgences, une autre famille. Composée de celles et ceux qui marchent ensemble. Aides-soignants, infirmiers, infectiologues, personnel administratif... Une armée. Comme des soldats qui partent pour le front. 

Les états d'âme, chacun les garde pour soi. Ils comptent les uns sur les autres. Une attention de tout instant.

Pas question de craquer devant ces deux familles qui comptent sur leur mari, leur père, leur fils, leur chef. Et réciproquement. 

Certains sont formés à la médecine de catastrophe. D'autres non. Mais la bataille contre le covid-19, ils ne connaissaient pas.  

Pourtant tous sont unis dans la même fraternité, celle de sauver des vies. Nos vies. Et les leurs. 

Arrivé au service, Yannick Brouste fait le point avec son équipe.

J'ai une équipe formidable qui me donne du courage ! 

- Dr Yannick Brouste. Chef du service des urgences du CHUM. 23 mars 2020.

Une façon de rendre hommage à ces femmes et ces hommes qui ne lâchent rien. Pourtant chacun sait être en équilibre sur un fil. Entre la vie et la mort. 

Alors d'un coup d'un seul, un cri, un coup de gueule #restez chez vous ! Unis dans l'adversité.

Combien serons-nous à leur rendre hommage le jour où nous retrouverons nos vies qui ne seront plus jamais comme avant. Et à leur dire merci ? 
 

24 heures sur 24 


Derrière le rideau, ils partent au combat pour diagnostiquer les symptômes du coronavirus quand les patients, inquiets, se présentent sous le poste médical avancé au centre hospitalier de Martinique. 

24 heures sur 24. Ils sont là,  ces soldats de la vie à poser les questions essentielles pour orienter le plus efficacement les patients.

Tous les symptômes pourraient être ceux du coronavirus. Une orientation est nécessaire. L'essentiel : diriger le patient au bon endroit.

En amont, le SAMU, débordé par les appels, fait face. Au centre d'appel, si les médecins au bout du fil diagnostiquent des symptômes graves (étouffement, encombrement dans les poumons ... fièvre, toux ...) il n'y a pas une minute à perdre. L'ambulance du SAMU où les pompiers la prendront en charge direction l'unité de réanimation du CHUM si son état le nécessite. 

Avez-vous de la fièvre, toussez-vous ? avez-vous eu un contact avec un croisiériste ?


Sous le poste médical avancé deux files, deux circuits sont organisés. Avez-vous de la fièvre, toussez-vous ? avez-vous eu un contact avec un croisiériste ? Une liste de questions a été établie pour cibler les patients "à risques". Des réponses vérifiées et validées par un examen médical poussé. 

Régulièrement, la tension artérielle, la saturation en oxygène, la température sont surveillées. Si le patient est à risque mais ne présente aucun signe respiratoire de gravité, il pourra repartir à son domicile.

Un contact téléphonique quotidien sera réalisé pour suivre une éventuelle dégradation de sa santé. Avec pour objectif:  le confinement et les mesures barrières. 


L'organisation des urgences 


Si le patient est à risque avec des signes respiratoires associés (toux, difficulté à respirer..) mais sans critère de gravité, il sera immédiatement dirigé vers les urgences où des infectiologues, en poste de jour, le prendront en charge avec leurs équipes d'infirmiers et d'aide-soignants dédiées.

Le patient sera réévalué et recevra des examens nécessaires au diagnostic. En fonction des résultats et de son état, il sera soit orienté à la maison soit hospitalisé dans un service adapté à sa situation.
Une des équipes médicales devant le poste médical avancé
Si le patient présente des critères de gravité, il sera acheminé le plus vite possible en réanimation. 19 lits sont dédiés à ce service. Pour le moment. 

En cas d'aggravation de la crise sanitaire, une extension du service réanimation sera mise en place. Pour les autres cas suspects, ceux qui nécessitent un traitement par oxygène, seront placés aux urgences respiratoires. À condition que leur cas ne soit pas suffisamment grave pour aller en réanimation ni assez bien portants pour revenir à la maison. 

Lorsqu'ils sont hospitalisés, les patients se retrouvent seuls. Pas de visite. Seulement la télé, les informations en boucle sur le coronavirus en France et dans le monde. Des chiffres aussi. Les personnes infectées et les morts. 
Une atmosphère pesante pour tous.

L'impact psychologique est important pour les malades et pour soignants. 
 

Mise en danger de la vie d'autrui 


Une supplique, un cri du coeur, le chef de service des urgences du CHUM, Yannick Brouste demande avec force que chacun respecte les gestes barrières et le confinement. 

Il faut absolument que la population respecte les règles de confinement et les gestes barrières. Il y va de leur vie mais aussi de nos vies. Nous sommes au front,  nous risquons nos vies pour vous ! Respectez-nous !!! Nous aussi nous avons des êtres chers qui ont peur pour nous. 

- Docteur Yannick Brouste chef des urgences du CHUM. 24 mars 2020.


Comment le faire comprendre ? Prêche t-il dans le désert de l'indifférence et de l'égoïsme ? 
Cinq médecins sont morts du virus dans l'hexagone. 
 

Le risque zéro n'existe pas 


Cinq médecins sont morts au combat contre le coronavirus en France. Cinq ! ... pour le moment...Il ne faut pas se voiler la face. Il y en aura d'autres. La dure réalité d'une guerre qui n'est pas propre. Avec ses dégâts collatéraux. Ses injustices aussi. 

Alors forcément, le personnel hospitalier comme les médecins libéraux, SOS médecins, les pompiers, les policiers ont reçu la nouvelle comme une bonne paire de gifles. Pour le Dr Yannick Brouste et toute ses équipes, il a fallu faire face. Face à sa propre peur. Face à celle des siens.

Celles et ceux qui regardent, inquiets, leur épouse, leur compagnon, leur mari, leur père, leur frère ou leur soeur partir chaque jour à l'hôpital, dans leur cabinet médical, dans leur caserne et au commissariat.
Par devoir. Par humanité. Par conscience.
 

On ne parle pas beaucoup de ce que l'on fait.

- Dr Yannick Brouste. 


Difficile de savoir ce qu'un médecin, une infirmière, une aide-soignante peut ressentir. Mais quand il le dit, quand on l'entend, les larmes viennent aux yeux. 

On garde tout à l'intérieur. Si on réalise ce que l'on fait on arrête tout de suite. On décompresse bien après la crise, parfois on tombe. On ne parle pas beaucoup de ce que l'on voit, de ce que l'on fait, nous parlons entre nous et rarement à la maison. Pourquoi ? tout simplement pour ne pas inquiéter nos proches mais le risque est bien là.  

- Dr Yannick Brouste.


Conformément aussi au serment d'Hippocrate que les médecins ont prêté. Aux promesses que les aides-soignants et infirmiers se sont faites à eux-mêmes le jour où ils choisi ce métier. Promesse de soulager les maux. De sauver des vies.

Oui mais pas à payer pour l'inconscience de ceux qui ne respectent pas les gestes barrières ni le confinement.
 

Quand on s'est réuni avec mon équipe dimanche dernier (22 mars), face à la mort de 5 de nos confrères, nous avons poussé un cri de rage ! un cri de guerre. Ne nous mettez plus en danger !!! respectez-nous !!! 

- Dr Yannick Brouste.


Il en faudra du temps pour que cet homme là se livre. Un professionnel sûrement blessé par les nombreuses attaques contre le travail des urgences et contre ses équipes. 

Mes derniers mots seront pour mon équipe, je veux que vous compreniez que malgré tout ce qui a été dit sur mon équipe, sur nos services de Fort-de-france et de Trinité, tous sont toujours prêts à vous soigner, toujours là pour prendre soin de vous et de vos proches.

J'ai la chance d'avoir une équipe formidable, pardon une famille formidable car oui nous sommes une famille. Je tenais par ces quelques mots à vous remercier, vous les soldats de l'ombre, je suis fier de vous. 

 

Alors aujourd'hui, chacun d'entre nous a le choix. #rester chez soi. Ou transgresser les ordres. Un choix que nous devrons payer avec notre conscience.

Tout ce que l'on touche dehors peut être contaminé : les gestes barrières
Tout ce que l'on touche dehors peut être contaminé.

Il faut le dire en boucle, cela doit devenir une obsession pour tous.
Face au coronavirus, il existe des gestes simples pour préserver votre santé et celle de votre entourage.

Se laver les mains très régulièrement.
Tousser ou éternuer dans son coude ou dans un mouchoir.
Saluer sans se serrer la main, éviter les embrassades.
Utiliser des mouchoirs à usage unique
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Autre conseil :
- En bas de chaque immeuble, devant chaque supermarché, des "brigades citoyennes" avec chiffons et détergent pour désinfecter tout ce que l'on touche.