Le coronavirus a tué pour un temps, zouks, concerts et boites de nuit

Noctambules d'un bar-lounge club privé, à Cluny (en Martinique)
Difficile d’imaginer une soirée antillaise sans "kolé-séré" (danse suggestive), dans un zouk ou en discothèque. Après les ravages du coronavirus et la distance physique que cette pandémie nous impose désormais, les professionnels du divertissement nocturne redoutent le pire pour l'avenir.
Qui aurait imaginé qu’un virus nous empêcherait un jour de nous enlacer, pour danser un bon zouk-love antillais, une biguine, une mazurka, ou un compas haïtien en boite de nuit ou en soirée organisée ?

C’est pourtant la triste réalité que doivent affronter les organisateurs de zouks, les tenanciers de night-clubs, et autres professionnels du divertissement nocturne.
Soirée dansante dans un restaurant bar-lounge d'ambiance de la Pointe-des-Nègres (à Fort-de-France).
Comment se divertir la nuit après la crise ? Voilà la question qui est désormais sur toutes les lèvres.

Willy Alger est le responsable d’un bar-lounge de la Pointe-des-Nègres à Fort-de-France. Ce concept "hybride" lequel semble supplanter petit à petit les discothèques dites "classiques" depuis quelques années, continue à séduire les noctambules qui peuvent aussi danser et assister à des prestations artistiques dans ces nouveaux espaces.

Mais avec la crise du coronavirus, tout est remis en question.
 

Notre restaurant-bar d’ambiance a une perte d’activité totale. Pour la partie resto, nous rouvrirons le 2 juin, comme annoncé par le gouvernement, en respectant les consignes, avec des conséquences sur les effectifs (...).

Mais concernant le bar, c’est le néant ! Il est totalement normal qu’on ne pourra pas laisser les gens se mélanger, s’approcher, se toucher, danser, puisqu’ils viennent pour cela aussi.
 

"On va attendre que les choses se calment"

 

On ne va pas abandonner pour autant. C’est comme si on demandait à Kassav d’arrêter de jouer et à tous ceux qui travaillent dans ce milieu de renoncer... Non !
On va attendre que les choses se calment, et une possible ouverte. Avec 14 employés, on ne peut pas dire qu’on abandonne !

(Willy Alger)

DJ Jackson aux platines, dans une soirée organisée

Pessimisme chez les organisateurs de soirées


Mickaêl Léton, ex DJ, aujourd’hui entrepreneur de spectacles vivants. Il sait qu’il y aura de gros préjudices, "au moins jusqu’à la découverte d’un vaccin pour éradiquer le virus".
 

Il est inconcevable de faire une soirée kwakcicolor par exemple, et de demander aux gens de ne pas se frotter, de ne pas danser "kolé-séré" ou de rester à un mètre de distance les uns des autres...ce n’est pas possible !
On ne peut tout de même pas imaginer des gens en train de danser avec des masques, alors qu’ils transpirent abondamment(...).

Je ne parle même pas des concerts en salle, avec des spectateurs assis dans un fauteuil sur deux. Là encore, c’est impensable du point de vue économique. 

Donc tant qu’il y aura des mesures de distanciation sanitaire en vigueur, ce ne sera pas possible.
 

Plusieurs activités annexes touchées

 

Et le temps que tout cela se résorbe, les artistes vont galérer, mais aussi d’autres métiers vont en pâtir : sonorisateurs, ingénieurs du son, les billetteries en ligne, les agents de sécurité, les loueurs de mobiliers...et donc un très gros manque à gagner pour nous et par ricochet, pour les prestataires annexes.

(Mickaêl Léton)

Prestation play-back du chanteur Jean-Marie Ragald en boite de nuit.

Réinventer les loisirs nocturnes


Et si cette cette pandémie révolutionnait nos modes de consommation de ces divertissements de la nuit (zouks et concerts) ?
Dominique Douge est un acteur de longue date, de ces manifestations musicales. Il est convaincu que "plus rien ne sera comme avant".
 

Il faut tout repenser, parce-que le modèle économique lui même est en danger, et les premières victimes de la situation sont les artistes. Et même lorsqu’on aura trouvé je l’espère, le moyen d’endiguer cette maladie contagieuse, il faudra que le public soit suffisamment en confiance pour qu’il reprenne ses habitudes du soir.

J’ai le sentiment qu’on est encore loin d’une réelle prise de conscience, au vu de certains comportements depuis le déconfinement. Et donc, la suspicion risque de durer encore hélas.
 

"Des établissements vont disparaître" 

 

Par conséquent, il faudra nécessairement que ces métiers se réinventent, mais encore faut-il en avoir la capacité financière. Car après une aussi longue période de fermeture sans recette, mais avec des charges incompressibles tels que les loyers, ce sera très compliqué (...). Et je ne suis pas certain qu’un gouvernement quel qu’il soit puisse voler au secours de toutes les entreprises (...).

Je pense vraiment que des établissements vont disparaître et la manière de s’amuser en soirée va changer également. Peut-être qu’il y aura plus de fêtes en petit comité, au lieu des grands rassemblements qu’on a connu avant.

(Dominique Douge)


Fermeture d’une grande discothèque de Paris


Jeudi 21 mai 2020, Jean Roch, le patron d’une grande discothèque bien connue de la place parisienne dans le 1er arrondissement (autrefois installée sur les Champs-Elysée), a annoncé sur son compte Instagram, la fermeture définitive de sa boîte.
La stratégie commerciale et aussi les conséquences économiques de la covid-19, seraient à l’origine de cette décision.
Ambiance dans la discothèque parisienne du 1er arrondissement