Durant plus d’un an, le corps médical du CHU de Martinique s’est mobilisé jour et nuit pour gérer la crise sanitaire du coronavirus. Il a fallu être "courageux, dévoués et inventifs". Forts de cette expérience inédite, les praticiens veulent maintenant des moyens "pour mieux soigner".
Le déconfinement progressif se poursuit en Martinique. Désormais, il n’y a plus que le couvre-feu en vigueur de 23h à 5h du matin. La règle limitant à six personnes les rassemblements sur la voie publique est toujours en vigueur (sauf pour les manifestations revendicatives déclarées précise la préfecture). Même consigne lors des réunions privées pour les personnes non vaccinées.
La population est invitée à rester très vigilante pour éviter un nouveau rebond de l’épidémie, notamment dans les rassemblements amicaux et familiaux.
La vaccination, ouverte à l’ensemble de la population adulte depuis le début du mois de mai, constitue la meilleure protection collective vis-à-vis du risque d’un nouveau pic épidémique.
Cette troisième phase de déconfinement, coïncide avec une "diminution nette de tous les indicateurs épidémiologiques et hospitaliers" observent les autorités sanitaires.
Mercredi 26 mai 2021, lors de la dernière plénière de la Collectivité Territoriale de Martinique pour la mandature 2015-2021, trois praticiens du CHUM (Centre Hospitalier Universitaire de Martinique), sont intervenus face aux élus de l’assemblée. L’objectif était de tirer un premier bilan post-confinement et d’acter des perspectives.
Le 9 mars 2021, sur les 19 milliards annoncés en faveur du secteur par le gouvernement dans le cadre du Ségur de la santé, 448 millions ont été accordés aux établissements publics et médico-sociaux de l'île. Suite à cette annonce, la communauté hospitalière du CHU a présenté le programme "Réact EU" pour la prise en compte des difficultés de l’hôpital public du territoire.
Une seule idée : mieux soigner le patient martiniquais (...). Nous avons l’occasion d’un rattrapage numérique et technologique considérable vers l’excellence.
Le professeur Roques a bien insisté sur la nécessité de moyens supplémentaires "en injectant les sommes qu’il faut pour nous porter à hauteur", ce, pour l’ensemble des établissements du CHUM.
"25 ans de retard d’investissement"
Le projet d’un institut caribéen d’imagerie nucléaires a également été présenté aux conseillers territoriaux par le professeur Karim Farid.
Disposer d’un tel institut d’imagerie nucléaire va permettre de se focaliser sur nos maladies et de diagnostiquer nos patients, selon des critères qui sont spécifiques aux malades martiniquais (...).
C’est un nouveau parcours de soins, plus adapté, plus performant.
On a moins de 24 mois (...).
C’est la raison pour laquelle nous faisons appel à vous (élus), afin que vous nous aidiez, que vous nous souteniez, pour que nous puissions avancer rapidement dans l’instruction du démarrage de ces projets.
Plus de 12 mois de sacrifices au CHU
Dans cette communication à l'adresse des élus, le docteur Kim Benchikh a mis ces derniers face à leurs responsabilités.
Il nous faut répondre aux urgences sanitaires de nos concitoyens. Pas demain, pas lorsque l’État va mobiliser les 448 millions d’euros.
Aujourd’hui, chacun de nous et vous en tant qu’élus, avez cette responsabilité de défendre le précaire (...).
Cette question de justice sanitaire ne saurait être portée que par les médecins. Elle doit être aussi portée par vous, élus de la Martinique (...).
"Avancer ensemble"
La question des mesures barrières est essentielle. Elle doit être intégrée dans le milieu du travail, elle doit être enseignée à l’école, elle doit être promue auprès du grand public. Il faut qu’on fasse du porte-à-porte.
Il en va de notre responsabilité (...).
On ne va pas attendre les 448 millions de l’Europe et de la France (...). On peut avancer beaucoup plus vite si on est d’accord pour avancer ensemble.
Plus d’un an après le début de la crise sanitaire, le constat est donc partagé par les personnels de santé : "l’hôpital est dépassé". C’est dans ce contexte dénoncé depuis plusieurs années par les soignants hospitaliers "à bout de souffle" et les syndicats, que le CHUM a affronté la pandémie.
La résilience induite par la crise
Les enjeux sanitaires ont été multiples pour l’hôpital public : la protection des soignants pour assurer la continuité des soins, Covid et non Covid, la limitation de la propagation virale, ainsi que la réorganisation complète de l’offre de soins et des modalités d’accueil des patients urgents.
Ensemble, dans ces conditions, nous avons maintenu et conforté l’offre et l’accès aux soins, pour tous (...).
Face à la gravité de la situation, un élan de solidarité territoriale est née, porté par le Syndicat Martiniquais des Hospitaliers (SMH) et par toutes les bonnes volontés, soignantes ou non (...).
Nous avons déployé tous les moyens à notre disposition pour inventer, produire, tester, qualifier, distribuer, projeter des solutions innovantes pour la protection des soignants, des autres corps de métier indispensables au fonctionnement de notre société (ambulanciers, police nationale, gendarmerie, pompiers, SDIS, pénitencier, tribunal, armée…) et de la population en général.
De l’Équipement de Protection Individuel (EPI) aux technologies plus sophistiquées, ces solutions ont été le fruit d’une intelligence collective et partagée.
Ces EPI, produits en masse via une économie circulaire solidaire locale précise le syndicat martiniquais des hospitaliers, "sont depuis, accessibles à toutes et tous : soignant(e)s, concitoyen(ne)s dont les plus démuni(e)s."
A 8000 km de l’hexagone, à partir du retour d’expériences de nos confrères chinois, italiens, du grand-est, le Syndicat Martiniquais des Hospitaliers a établi des partenariats publics et privés.
Ces partenariats ont vu le jour grâce à la générosité, l’ingéniosité, l’adaptabilité professionnelle, la résilience de nos soutiens (Mécènes, CHUM, ARS972, FAA, armée, DRAGON 972…) et trouvé les solutions pour protéger les forces vives caribéo-guyanaises, de l’APHP et au-delà …
Le SMH a même pu expédier du matériel made in Martinique aux soignants d'une partie de la Caraïbe, de la Guyane et jusqu'à l’APHP à Paris, entre le 3 et le 9 avril 2020. Dans ce bilan d'après confinement, le docteur Benchikh, vice-président du syndicat ajoute : "nous avons fait Nation".
Nous continuerons, malgré la situation actuelle, à toujours veiller sur tous nos patients.