La criminalité peut-elle être jugulée par le développement ?

Manifestation contre la violence à Fort-de-France (samedi 17 août 2019).
Une délégation d’élus martiniquais a été reçue au ministère des Outre-mer afin de témoigner du climat d’insécurité dans notre île. Devant la ministre, ils ont parlé des 21 meurtres perpétrés depuis le début de 2019, du trafic de drogue et du trafic d’armes.
"Stop aux armes, stop aux larmes !", c’était le cri d’alarme lancé par la députée Josette Manin, le 1er octobre 2019 à l’Assemblée nationale. Estimant que les réponses à son interpellation sont restées insuffisantes, plusieurs de nos élus ont demandé audience à la ministre des Outre-mer.Il est indéniable que le gouvernement montre sa détermination face à la situation préoccupante de la criminalité. La réponse judiciaire au banditisme n’est pas la seule, mais elle est fort conséquente. Près de 1 500 policiers et gendarmes sont déployés pour affronter délinquants et criminels. Prochainement, un organisme spécialisé dans la lutte contre le trafic de drogue sera installé.

Cette décision est de nature à rassurer la population. Elle s’est habituée à l’invasion du crack depuis une trentaine d’années. Elle du mal à accepter aujourd’hui le trafic d’armes. Une activité qui a explosé parallèlement à l’expansion du commerce des drogues. Notre île est non seulement un marché de consommation de crack ou de cannabis, mais aussi une plaque tournante de la vente de cocaïne entre l’Amérique du sud et l’Europe. 

Comment s’attaquer aux causes de la criminalité ?


En plus d’augmenter les moyens humains et techniques des forces de l’ordre, pourquoi ne pas essayer de s’attaquer aux causes profondes de ces dérives ? Est-il naïf de considérer que la criminalité se développe parallèlement au chômage massif ? Est-il prétentieux de considérer que la tentation de l’argent facile est d’autant plus forte que les perspectives d’insertion sont faibles ? Le basculement vers la criminalité peut-il être, ou pas, jugulé par le développement économique et social ?

Pourquoi ne pas essayer, réellement, de parvenir au plein emploi, à la création d’activités correctement rémunérées, à l’arrêt des départs de nos jeunes par milliers ? Et si nous nous disions, tous ensemble, que notre belle Martinique mérite beaucoup mieux que cette version absurdement ratée du paradis que nous sommes en train de dessiner ?