Dans son courrier daté du 23 octobre 2021 à l’adresse d'Olivier Véran, Ministre des solidarités et de la santé, le Président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique dresse d’abord un tableau de la situation dans l’île.
Il y a actuellement de fortes tensions au sein des hôpitaux de Martinique, notamment sur la question de l’application du pass sanitaire.
La perspective de la fin de la gratuité des tests n’est pas de nature à amener l’apaisement escompté.
Ces tensions combinées à un faible taux de vaccination (36%) pourraient amplifier la gravité de la situation et faire peser sur la Martinique un risque de rupture de soins.
En ce sens, les signes de démissions au sein de l’hôpital sont inquiétants.
Puis, le PCE exprime sa crainte d’une 5e vague de la pandémie, "dont les conséquences pourraient être de nouveau terribles pour la Martinique", souligne Serge Letchimy.
4 propositions
C’est dans ce contexte que l’ex député-maire de Fort-de-France soumet ses 4 propositions à l’appréciation du ministère :
→ La mise en place rapide d’"une médiation" impliquant notamment l’Etat, les corps médicaux, les représentants des personnels et les acteurs de la médiation "afin de rétablir un espace de dialogue et de débat respectueux des opinions de chacun".
→ Amplifier la "mise à disposition de tests antigéniques" dans le contrôle du pass sanitaire.
→ Envisager le "report de la date limite de la fin de la gratuité des tests" pour la Martinique.
"Les obligations légales doivent nécessairement s’adapter aux réalités du terrain" selon l’exécutif.
→ Enfin, Serge Letchimy demande au gouvernement de travailler avec la communauté médicale, à "la mise à disposition d’un vaccin de conception classique découlant d’une technologie mieux connue du public, en complément du Pfizer, répondant ainsi aux doutes exprimés par une partie de la population".
"Vaccin de conception classique..." ?
Dès le début de la pandémie, le laboratoire pharmaceutique Sanofi Pasteur, l’entité mondiale vaccins du groupe Sanofi dont le siège est situé en France, à Lyon, a mené de front le développement de deux candidats vaccins contre le coronavirus SARS-CoV-2 : l'ARN messager (ARNm) du type Pfitzer, et un candidat vaccin avec adjuvant à base de protéine recombinante. C'est cette dernière technologie qui serait qualifiée de "vaccin de conception classique".
Mais à ce jour, le vaccin Pfitzer du duo américano-germanique est le sérum le plus utilisé pour les deux premières doses.
Compte tenu des besoins de santé publique et du fait qu’il y a tout lieu de s’attendre à ce que des quantités suffisantes de vaccins à ARNm contre la COVID-19 soient désormais disponibles, Sanofi a décidé de ne pas poursuivre le développement de son candidat-vaccin à ARNm contre la COVID-19 dans une étude clinique de phase III.
L’entreprise va en revanche s’attacher à finaliser les dernières étapes de développement de son vaccin recombinant contre la COVID-19, développé en partenariat avec GSK.
Le "vaccin de conception classique" auquel fait allusion Serge Letchimy, serait donc un "vaccin vivant atténué" ou un à base de protéines recombinantes, comme le Gardasil, utilisé surtout chez les femmes pour prévenir des infections génitales à papillomavirus.
Ce nouveau vaccin Sanofi devrait être disponible pour la fin de l'année 2021.
Cette technologie éprouvée permet de produire industriellement de très grandes quantités d’antigènes, les protéines injectées pour stimuler la réponse du système immunitaire contre le virus.
Les études précliniques ont révélé un profil de sécurité et d'immunogénicité prometteur (…).
Le 17 mai 2021, Sanofi et GSK ont annoncé que l’essai de phase II du candidat-vaccin a entraîné la production de concentrations élevées d’anticorps neutralisants chez les adultes, toutes tranches d’âge confondues (18 à 95 ans).
La forte réponse immunitaire observée après l’administration d’une seule dose chez des patients ayant déjà été infectés, souligne le solide potentiel d’une vaccination de rappel.
Reste à savoir comment ces propositions "à la carte" du chef de la collectivité majeure seront perçues par le ministère, tandis que l’opposition indépendantiste de l’Assemblée de Martinique souhaite de son côté, une "dérogation" pour le pass sanitaire.