La crise multiforme que nous traversons est-elle insoluble ? La méthode choisie pour la résoudre ne sera-t-elle pas, finalement, décevante ? Les sept ateliers constitués comme autant de forums de discussion entre les fonctionnaires de l’Etat, les élus de la CTM et des communes et des militants de l’intersyndicale pourront-ils élaborer des solutions viables ?
Certes, il faut toujours donner une place à la négociation et à l’espoir. Pourtant, force est de constater que les discussions traînent en longueur, quand les échanges ont réellement commencé. Ce qui n’est pas le cas pour tous les ateliers. Celui consacré à la jeunesse est à revoir entièrement. Celui consacré à la vie chère ne comprend pas les principaux acteurs concernés. Celui consacré à la santé n’a pas encore planché sur un hypothétique scénario de dérogation à l’obligation vaccinale des personnels soignants.
En admettant que ces groupes de travail trouvent des solutions originales pouvant aider à sortir de la crise, le risque existe est réel qu’ils débouchent sur des demi-mesures. Et qu’ils génèrent plus tard de nouvelles frustrations. Comme les deux précédentes vastes consultations, à savoir les Etats généraux de l’outre-mer en 2009 et les Assises de l’outre-mer en 2018.
Les discussions traînent en longueur
Pourtant, nous avons la solution à portée de main. Elle ne pourra pas être mise en œuvre uniquement au cours de l’actuel round de discussions. Nous savons que le retour à la stabilité durable dépend du seul sujet qui vaille, la définition d’un nouveau projet de société. D’un new deal, pour parler américain, comme le président de la Chambre de commerce et d’industrie, Philippe Jock.
Il se situe dans la foulée de l’un de ses prédécesseurs, Marcel Osenat, qui avait piloté l’opération "Convergence" voici trente ans. Les forces vives avaient alors élaboré une réflexion nouvelle ouvrant sur la voie d’un autre développement économique et social. Il serait opportun d’ouvrir les archives de cette conférence, pour nous imprégner de ses conclusions audacieuses à l’époque.
Il importe de rappeler également le Projet Martinique, conclu en février 2000 sous la houlette du Conseil régional présidé par Alfred Marie-Jeanne. Là encore, nous serions étonnés par la pertinence des orientations envisagées à l’issue d’un large consensus des acteurs économiques et politiques, voici vingt ans.
Champions des bonnes résolutions
Ces deux exemples ne doivent pas occulter les multiples forums, symposiums, colloques, séminaires, rencontres, journées d’études organisées par le Conseil régional sous les présidences de Camille Darsières et de Serge Letchimy ; par les gouvernements de Nicolas Sarkozy et de François Hollande ; par l’Union européenne et par la conférence annuelle des régions ultrapériphériques. La liste est longue, des résolutions, décisions, cahier de doléances, plans restés sans suite.
A chaque fois, la même question a été posée : quelle société voulons-nous pour demain ? En d’autres termes, sommes-nous disposés à abandonner la politique de la demande de transferts sociaux, sursalaires, subventions et autres crédits d’assistance pour nous orienter vers une politique de l’offre basée sur des entreprises dynamiques prêtes à conquérir le marché intérieur et à partir à l’international ?
Nous savons que les ressources existent pour développer notre territoire. Non seulement les ressources humaines, vu le niveau de qualification de la population résidente ou extérieure. Mais aussi les ressources financières du fait de notre appartenance à la France et donc, à l’Union européenne. Des ressources sous-utilisées et partiellement alimentées par les contribuables de Martinique, du reste.
Nous n’avons plus d’autre choix que de bâtir un nouveau modèle de développement basé sur la création de richesses. Nous le savons pertinemment. Alors, à quand le passage du discours aux actes ?