Dans un contexte tendu, 7 militants anti-chlordécone poursuivis par la justice pour des faits de violence

Manifestation de solidarité devant le tribunal de Fort-de-France en juin 2020.
Mercredi 16 novembre 2022, 7 militants anti-chlordécone, plus connus sous le nom, "des 7 d’Océanis", doivent être jugés pour violence en réunion sur agents de la force publique, dégradation et participation à un attroupement malgré l’ordre de se disperser. Cette affaire sensible, déjà renvoyée à deux reprises, intervient près d'un an après les émeutes contre l’obligation vaccinale et le pass sanitaire en Martinique.

Trois ans après les faits et 2 renvois plus tard, les 7 militants anti-chlordécone, "les 7 d'Océanis", poursuivis pour violence en réunion sur agents de la force publique, dégradation et participation à un attroupement malgré l’ordre de se disperser, sont convoqués au tribunal correctionnel de Fort-de-France.

L’affaire "des 7 d'Océanis" remonte au 23 novembre 2019 au Robert, sur le parking du centre commercial d'Euromarché Océanis, appartenant au GBH (groupe Bernard Hayot). C'est là que s'affrontent militants anti-chlordécone et gendarmes mobiles.

Tous les samedis, depuis plusieurs semaines, ces manifestants se rassemblent devant les magasins du GBH et demandent à la population de boycotter ses produits.

Les militants accusent les planteurs békés (dont fait partie la famille Hayot ) d’avoir joué un rôle important dans l’empoisonnement des terres et des personnes avec l’utilisation du pesticide chlordécone. Jusqu'en 1993, les bananeraies de Guadeloupe et de Martinique en sont aspergées massivement pour lutter contre un insecte, le charançon du bananier.

Au Robert, lors des confrontations, deux gendarmes sont blessés. Cinq jours plus tard, des militants sont interpellés chez eux et placés en garde à vue.

Échanges musclés entre gendarmes et des militants samedi 23 novembre 2019 devant l'hypermarché Euromarché du Robert.

Des audiences annulées

Le 13 janvier 2020, est la date de la première audition de cette affaire devant le tribunal de Fort-de-France.

Les 7 militants sont poursuivis pour violence en réunion sur agents de la force publique, dégradation et participation à un attroupement malgré l’ordre de se disperser.

À l’extérieur du tribunal, des heurts se produisent entre manifestants et forces de l'ordre.

Gaz lacrymogène, poubelles et palettes incendiées...Les manifestants s’en prennent aux grillages du tribunal. Les affrontements durent toute la nuit. Le procès est renvoyé.

L’audience du 3 juin 2020 est annulée.

L’affaire fait couler beaucoup d'encre y compris dans la presse en France.

Les messages accrochés au grillage du palais de justice de Fort-de-France en juin 2020

Une 3e convocation

Ce 16 novembre 2022, à 7 heures, les membres de plus d’une vingtaine d’organisations syndicales, politiques et civiques, envisagent de quitter la maison des syndicats pour accompagner "les 7 d'Océanis au tribunal correctionnel de Fort-de-France".

Une pétition demande l’abandon des poursuites contre les prévenus.

Une triste anniversaire

Il y a un an, presque jour pour jour, la Martinique était paralysée par une grève et des émeutes, suite à la décision du gouvernement d'instaurer une obligation vaccinale pour les soignants ainsi que le pass sanitaire dans les lieux publics.

Des voitures volontairement incendiées, à Fort-de-France, au Lamentin et à Schoelcher (novembre 2021).

"La méfiance de la population martiniquaise envers ce vaccin est directement liée au scandale sanitaire du chlordécone qui a empoisonné les habitants et les terres de Martinique", c'est l'une des explications entendues dans la rue et sur les médias pendant cette période.