La demande d’assimilation prend corps à l’occasion de la Première Guerre mondiale

L'histoire indique que près de 9000 martiniquais sont partis au front.
Comme chaque année, le 11 novembre, nous sommes appelés à nous souvenir de la guerre de 1914-1918. Un conflit auquel la population martiniquaise a pris une part active, même si cet épisode reste encore méconnu.
 
Hormis le sacrifice de milliers de jeunes hommes partis se battre en Europe pour prouver leur amour de la mère-patrie, la Première Guerre mondiale en Martinique est un moment majeur de notre histoire récente. C’est à cette période que le processus de l’assimilation prend toute sa consistance.
 

La population, les maires et le Conseil général poussent les jeunes vers l'armée


Les quatre vieilles colonies (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion) sont invitées à montrer leur attachement à la métropole coloniale. L’occasion leur en est donnée avec la loi sur le service militaire obligatoire, en 1913. La population souhaite payer l’impôt du sang, en offrant à ses jeunes hommes la possibilité d’intégrer l’armée. Un geste considéré comme une marque de pleine citoyenneté.

Les débats et les hésitations s’enchaînent durant une décennie avant l’adoption du texte. Les chefs de l’armée sont opposés à la conscription des soldats coloniaux, jugés inaptes aux rigueurs de la vie militaire.
Avec l’intensification du conflit, la hiérarchie militaire se ravise et se résout à engager en masse des soldats venus des terres lointaines. D’intenses campagnes de recrutement ont lieu dès 1915. Les appelés sont d’autant plus pressés de combattre que la population, les maires et le Conseil général, les y incitent. Les socialistes, antimilitaristes, sont marginalisés.
 

Les jeunes soldats sont enrôlés en masse


La demande d’assimilation devient enfin concrète. Un souhait exprimé depuis les dernières années de l’époque esclavagiste. Deux générations après l’abolition de l’esclavage, l’égalité des droits implique le droit de se battre pour sa patrie. Ainsi, 9 000 soldats de Martinique partent sur le front et 2 000 y trouveront la mort.

Dans le même temps, l’île vit des changements accélérés. L’approvisionnement devenu aléatoire, les pénuries de produits de base sont fréquentes. La population s’appauvrit. Pourtant, la production de sucre et de rhum explose pour alimenter les soldats. L’augmentation de la demande provoque la modernisation de l’industrie sucrière, donc, l’enrichissement des planteurs et des usiniers ainsi que la naissance du prolétariat industriel.

Moment d’intenses mutations, la période de la Première Guerre mondiale est encore méconnue chez nous.