Démographie : pourquoi la population baisse-t-elle ?

Le dernier recensement de la population de la Martinique traduit une baisse par rapport aux chiffres d’il y a cinq ans. Comment comprendre ce phénomène qui peut surprendre ?
Avec 383 910 habitants au 1er janvier 2014 la population de Martinique baisse de 12 500 personne par rapport au recensement de 2009. Une perte spectaculaire, surtout que les experts de l’INSEE avaient prévu que nous aurions dû être largement au-dessus de la barre des 400 000 habitants.
 
Un tel recul démographique est la marque du vieillissement de la population d’un pays. La courbe des naissances ne cesse de s’infléchir depuis un demi-siècle. En 1965, année record, 11 000 naissances ont été enregistrées et seulement : 3 972 en 2015.
 
Deux raisons expliquent cette dénatalité, phénomène observé en Guadeloupe également. Tout d’abord, un phénomène universel, tenant à l’amélioration des conditions de vie de la population. Les progrès de la médecine, le développement de la médecine préventive, la généralisation de la contraception se traduisent par une fécondité plus faible d’une génération à l’autre. Ici comme ailleurs, les femmes sont amenées à avoir moins d’enfants que leurs mères et leurs grand-mères, car elles ont un niveau d’éducation plus élevé que celui de leurs ascendantes et donc, d’autres aspirations sociales.
 
Second facteur explicatif : l'émigration massive de plusieurs milliers de femmes et d’hommes de 20 à 35 ans en majorité ces cinquante dernières années. Ces absents n’ont pas eu d’enfants sur place. Ce sont autant de naissances perdues pour le pays, en quelque sorte. Entre 1962 et 1982, le Bumidom, a organisé, a organisé le départ d’environ 32 000 personnes. Des chercheurs estiment au même nombre celles et ceux qui ont émigré par leurs propres moyens durant la même période, soit environ 60 000 femmes et hommes au total. S’ils étaient restés sur place, il n’y aurait pas eu 150 000 natifs de Martinique et 130 000 de Guadeloupe en France continentale aujourd’hui.
 
Un troisième phénomène doit être pris en compte, le faible solde migratoire. Le nombre d’arrivées dans le territoire ne cesse de baisser, par manque d’attractivité. Cette faible émigration de personnes jeunes et actives contribue à la faible natalité observée.
 
La modernisation de la Martinique et de la Guadeloupe se traduit par un recul démographique, à l’image de ce qui se passe dans des pays riches comme la Suède ou la Suisse. Nous pouvons nous en réjouir dans une certaine mesure, le confort collectif étant nettement préférable à la misère partagée. Ou, au contraire le déplorer, car la baisse de la population signe le vieillissement de la société dont le dynamisme économique, social et culturel tend à s’atténuer.